VINGT QUATRIEME DIMANCHE DU ORDINAIRE DE L’ANNEE A

TEXTES : Si 27, 30 – 28, 7 / Ps 102(103), 1-4. 9-12 / Rm 14, 7-9 / Mt 18, 21-35

PREDICATEUR : P. Grégoire AGBALEVON, SVD

THEME : La puissance du pardon !

Une femme, avancée en âge, se venta de dire au curé de leur paroisse qu’elle n’a pas d’ennemi dans le monde. Le curé impressionné, répondit en disant : Que c’est merveilleux de t’entendre dire ça après toutes ces années !  Alors elle ajouta : « j’ai survécu à tout ». Je suppose, si nous vivons assez longtemps nous pourrions également en faire autant.

Tous, nous avons été contrariés, blessés d’une manière ou d’une autre dans notre vie par un être cher. Certains ont subi des humiliations de la part de leurs enseignants ou camarades d’école, d’autres n’ont pas décroché le boulot qu’ils rêvaient d’avoir avec toutes leurs qualifications; nous avons été aussi trahis par un proche en qui nous avons confiance, d’autres ont été abusé physiquement ou sexuellement et ainsi de suite.

Une femme nommée Sheila Cassidy, torturée en Amérique du Sud, a eu à dire ceci : « je ne dirais jamais à quelqu’un ‘que tu dois pardonner’. Je n’oserais pas. Qui suis-je pour dire une à femme abusée par son propre père ou à une mère dont la fille a été violée de pardonner ? je ne pourrais seulement que dire : nombreux sommes-nous à être victimes de la méchanceté et bien qu’elle soit justifiée notre haine, elle nous empoisonnera la vie si nous l’entretenons…. Prions donc pour la grâce du pardon ; car c’est en pardonnant qu’on est guéri » Pour renchérir, le président Nelson Mandela rappelait à ses camarades de prison en Afrique du Sud que : « à moins qu’ils aient laissé aller leurs blessures, ils resteraient dans la poignée de leurs trompeurs. »

Mais le drame est que quand la blessure est trop profonde, on a du mal à pardonner. On se dit hors de question de pardonner. Ce que cette personne m’a fait est inacceptable. Que signifie donc pardonner ? ou bien en quoi consiste le pardon ?

Ben Sira dans la première lecture nous en donne la définition à savoir : Pardonner c’est passer par-dessus. C’est le fait de ne pas tenir compte de l’offense qu’on t’a faite, d’une erreur, d’une faute. C’est le fait de renoncer à punir, de renoncer à se venger, de renoncer à rendre le mal par le mal. Le pardon consiste, non pas à oublier ou ignorer un passé qu’on ne peut ni oublier, ni ignorer, de toute manière, mais à passer par-dessus, et à essayer de survivre et de renouer la relation qui a été coupée par l’offense, de reproposer son amitié, sa confiance ; cela consiste à accepter qu’il y ait encore un avenir possible. Seulement il n’est pas facile de pardonner à une personne qui t’a fait du mal surtout si tu croyais en elle et tu avais confiance en elle. Tu préfères la garder prisonnière ; tu refuses de lui pardonner. Le souci est quand nous refusons de pardonner nous nous constituons nous-mêmes en prisonniers et on commence par développer la haine, l’amertume et par cultiver la jalousie et la rancune. Pourtant tous nous souhaitons que Dieu nous pardonne.

 Nous demandons que Dieu pardonne nos imperfections, nos failles mais nous refusons de pardonner les fautes des autres comme si nous n’avons jamais fait du mal à personne, comme si nous étions irréprochables. C’est le scénario auquel nous assistons dans la page évangélique de ce dimanche. Dans la parabole du roi miséricordieux et du serviteur sans pitié, Jésus nous offre un enseignement sur le pardon, qui ne nie pas le tort subi, mais reconnaît que l’être humain, créé à l’image de Dieu, est toujours plus grand que le mal qu’il commet.

Malheureusement, le comportement incohérent du mauvais serviteur est aussi le nôtre parfois lorsque nous refusons le pardon à nos frères et sœurs. Mais pourquoi refuser le pardon à son frère ? Qui est parfait ? Qui n’a jamais commis le moindre mal ?  Pourtant nous sommes toujours les premières personnes à aller à l’Eglise ; alors que dans nos cœurs il y a des gens que nous avons fait prisonniers. Mais jusqu’à quand allons porter ce fardeau ? jusqu’à quand ce refus de pardon. Qu’est-ce qu’on gagne en détestant ceux qui nous ont offensé ? Nous devons savoir que celui qui pardonne est celui qui décide d’avancer, celui qui décide de se libérer, c’est celui fait le choix de donner un cadeau à celui qui ne le mérite pas. Car la rancune est une lourde pierre que celui qui est offensé décide de ne pas porter. Pardonner c’est vivre en paix. Quand on pardonne on le fait pour soi et non pour l’autre. Celui qui refuse de pardonner est un meurtrier qui s’ignore. Pardonner ce n’est pas oublier ni cesser d’aimer mais se libérer d’un fardeau, c’est se soigner, c’est relever la tête et prendre le chemin avec un sourire au visage pour avoir un lendemain meilleur.

Dans la prière du Notre Père, Jésus a voulu insérer le même enseignement que celui de cette parabole. Il a mis en relation directe le pardon que nous demandons à Dieu avec le pardon que nous devons accorder à nos frères : « Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs » (Mt 6,12). Le pardon de Dieu est le signe de son amour débordant pour chacun de nous ; Il est plein d’amour et veut nous l’offrir, mais il ne peut pas le faire si nous fermons notre cœur à l’amour des autres.

Puisse la Vierge Marie nous aider à être toujours plus conscients de la gratuité et la grandeur du pardon reçu de Dieu, pour devenir miséricordieux comme lui, Père bon, lent à la colère et grand dans l’amour. Amen

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