TROISIÈME DIMANCHE DU TEMPS DE CARÊME DE L’ANNÉ B

TEXTES : Ex 20, 1-17/ Ps 18, 8-11/ 1Co 1, 22-25/ Jn 2, 13-25

PRÉDICATEUR :  P. Ludovic AMOUZOU, SVD

THÈME : Fais-moi sortir, Seigneur, de l’esclavage dans lequel je suis

Dans le Contrat social,  Jean-Jacques Rousseau affirme : ‘‘L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté.’’ Mais, qu’est-il de la loi que l’autre, Dieu par exemple, nous donne : ne peut-elle pas être moyen ou chemin de liberté ? Les lectures de ce troisième dimanche du temps de carême constituent une invitation à embrasser la loi divine comme moyen et chemin de liberté. Car, si la loi nous vient de Dieu notre Créateur et Père et si son Fils Jésus est venu pour la parfaire en l’accomplissant totalement, alors la folie de Dieu nous libérera de la prétendue sagesse du monde.

Chers frères et sœurs en christ !

Les premières paroles prononcées par Dieu dans le passage du livre de la Genèse que nous venons d’écouter dans la première lecture parlent déjà de la libération de la maison d’esclavage d’Egypte. Elles nous apprennent surtout que c’est Dieu seul qui peut véritablement et efficacement nous libérer de toute forme d’esclavage qu’elle soit intellectuelle, culturelle ou religieuse. En fait Dieu vient nous libérer des faux dieux, des autres et de nous-mêmes. Car le décalogue, c’est-à-dire les dix paroles que nous appelons communément ‘les dix commandements’ constituent la charte de notre liberté, charte établie par Dieu lui-même rien que pour le vrai bonheur de l’Homme. Il est étonnant que les premières paroles de cette charte de liberté commencent par parler des devoirs d’amour de l’Homme vis-à-vis de Dieu. Il s’agit entre autre du devoir d’adoration, du devoir de vérité et celui du culte. De là, nous pouvons déduire que toute liberté en dehors de Dieu est susceptible d’être un esclavage dévastateur. Si nos devoirs vis-à vis de Dieu sont premiers et plus détaillés, nos devoirs envers les autres ne sont pas moindres parce que c’est en mettant en pratique ces derniers que nous accomplissons vraiment les premiers.

Celui qui dit qu’il aime Dieu mais n’aime pas son frère est un menteur nous enseigne Saint Jean en sa première lettre au chapitre 4 verset 20. Que ce soient les parents, les autres membres de famille, les amis, les collègues, les partenaires, les associés, les employés, les employeurs, nous avons l’obligation de respecter leur liberté, leurs propriétés. Bien plus, ce respect de ce qu’ils sont et ont, doit se traduire aussi bien en paroles et en actes. Malheureusement, vous et moi manquons trop souvent et trop facilement à ces devoirs fondamentaux à leurs endroits à telle enseigne que cela entache nos devoirs envers Dieu qui doivent s’exprimer à travers l’adoration, la vérité et le culte. N’est ce pas ce que Jésus dénonce dans le scandale causé par ce dernier en chassant les marchands d’animaux et en renversant les tables des changeurs de monnaie dans l’Evangile de ce dimanche ?

Bien aimés dans le Seigneur !

Notre vie, notre Etre est le lieu par excellence où Dieu aime habiter et demeurer. C’est de là que part toute véritable liberté de penser, de parler et d’agir essentielle à notre adoration de Dieu, à notre vérité sur lui et à notre culte rendu à sa divinité.

En semant le chaos dans ce désordre organisé à des fins lucratives et à l’exploitation des gens notamment des pèlerins, des non-autochtones et des pauvres, Jésus agit comme un élément catalyseur afin de libérer les mentalités des hommes et femmes, de purifier leurs cœurs et de leur enseigner l’adoration en esprit et en vérité, le culte vrai qui plaît au Seigneur, le seul jeûne que Dieu agrée. Si nous prenons le temps pendant ce temps de carême, nous pourrons nous rendre compte même dans nos vies et activités où tout semble bien organisé, bien planifié où tout marche comme sur des roulettes, il se peut que Dieu y trouve de moins en moins sa place entraînant la chosification de l’être humain que l’on néglige, piétine et exploite parfois même au nom de la liberté, de la loi et des droits.

Chers Amis dans le Christ !

‘‘ Dieu ! Tu as les paroles de la vie éternelle’’ nous rappelle le répons du psaume de ce jour du Seigneur. Et ce Dieu s’est manifesté en Jésus le Christ, qui par amour pour nous, a offert à Dieu sa liberté, son droit pour qu’en lui et à travers lui nous retrouvions la liberté des enfants de Dieu menant une vie remplie de paroles de vérité, d’actes de liberté et dont les pensées s’harmonisent avec celles de Dieu dans la prière et dans l’adoration. Lorsque l’Homme se livre totalement à Dieu, lorsque l’Homme engage toute sa liberté pour Dieu, lorsque l’Homme accepte de se perdre en Dieu, il se retrouve, il est libéré et il s’épanouit véritablement. Toutes les libertés offertes et promises par l’homme et les institutions n’ont jusque là fait que creuser les inégalités entre les hommes, que rendre l’être humain plus assoiffé de pouvoir et d’avoir, que déchirer le tissu social déjà fragilisé et déchirer l’homme en lui-même. Tout ceci a fait de nous des esclaves des choses alors que Dieu nous a mandatés pour en être les maîtres et les gérants.

Bien aimés de Dieu !

En ce troisième dimanche du temps de carême, que chaque personne se pose les questions suivantes et y répondent sincèrement du fond de son cœur en analysant minutieusement sa vie : Puis-je vraiment dire que je suis libre dans ma manière de vivre actuellement ? De quel genre d’esclavage ou de prison ai-je besoin que le Christ me libère ? Que dois-je sacrifier pour que le sacrifice du Christ sur la croix me libère définitivement des chaînes qui me lient encore ?

PRIÈRE

Mon Dieu ! Je t’offre les liens et occasions de péché qui causent du tort à ton amour pour moi, me conduit à détruire les autres et à me détruire moi-même. Libère moi définitivement de ces chaînes humiliantes et, désormais, place sur moi ton joug léger d’amour qui m’appelle à la confiance et à l’abandon total à ta volonté dans ma vie. AMEN !

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