TEXTES: Pr 31, 10-13. 19-20. 30-31 / Ps 127 (128), 1-5 / 1 Th 5, 1-6 / Mt 25, 14-30
PREDICATEUR: P. Martin KOTCHOFFA, SVD
THEME: Fais fructifier ton talent
Bien-aimé(e)s dans le Seigneur, aujourd’hui est le trente-troisième dimanche du temps ordinaire de l’année A. Nous célébrons également la septième journée mondiale des pauvres autour du thème : « Ne détourne ton visage d’aucun pauvre » (Cf. Tb 4, 7). Et les textes liturgiques nous invitent à utiliser et faire fructifier le don que Dieu nous a accordé individuellement.
Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui nous décrit une scène émouvante dans laquelle trois serviteurs ont fait usage, différemment, de ce qui leur a été remis. Deux ont pris le risque d’investir leurs talents afin de les faire fructifier avant l’arrivée de leur maître tandis que le troisième n’a pas jugé bon de se fatiguer pour faire fructifier son talent. Il l’a gardé intact jusqu’au retour de son maître. Ce serviteur a été sévèrement jugé et puni tandis que les autres ont été donnés comme modèles à suivre.
Cette parable nous enseigne beaucoup de choses. Tous, nous avons reçu un don particulier que nous devons mettre au service de nos frères et sœurs dans le champ de Dieu. Et il y a un don qui est comme la base de toutes choses que Dieu nous accorde à tous et bien évidemment à son Eglise : l’amour qui se traduit par le souci de l’autre, du pauvre. Ce don est accordé à chaque chrétien(ne) selon sa capacité. D’ailleurs cette option pour les pauvres fut la première des actions que Jésus mentionne dans son programme d’action : « proclamer la bonne nouvelle aux pauvres ». (Lc 4, 18)
L’Eglise a ainsi compris depuis toujours qu’elle se doit de promouvoir ce don gratuit de Dieu. D’où son implication dans le développement intégral de l’homme. Son choix préférentiel pour les pauvres, les plus démunis, est dans la droite ligne de la volonté du Seigneur. Le choix donc du saint Père, de faire de ce dimanche la journée mondiale des pauvres, remet donc en évidence le rôle de l’Eglise dans l’éradication de la pauvreté à tous les niveaux (matériel, financier, spirituel, psychologique, etc.). C’est une opportunité pour évaluer la fidélité avec laquelle elle accomplit une telle mission.
La crainte du Seigneur doit stimuler l’Eglise et tout(e) chrétien(ne) dans son désir manifeste d’accomplir la volonté de Dieu. N’est-ce pas ce que le psalmiste nous rappelle en ces termes : « heureux qui craint le Seigneur et marche selon se voies » (Ps 127 (128), 1). Une telle personne dont les: « doigts s’ouvrent en faveur du pauvre » (Pr 31, 20a) plait au Seigneur et elle s’efforce toujours de tendre « la main au malheureux » (Pr 31, 20b).
Certains comme les deux premiers serviteurs s’efforcent jour et nuit de venir en aide aux pauvres, pour leur redonner espoir et le goût de vivre, pour les aider à retrouver leur dignité humaine, pour les faire sortir de leurs misères, pour les libérer des prisons, pour les sauver des injustices dont ils sont victimes, pour leurs trouver et fournir des emplois, pour leur offrir un logis et de quoi se vêtir, etc. Mais il y a ceux-là, comme ce mauvais serviteur, qui ne se gênent même pas. Ils ferment leurs yeux et oreilles pour ne pas voir et entendre le cri de détresse des autres. Et pourtant ils attendent que Dieu les bénisse abondamment, eux qui refusent de faire preuve de générosité dans le peu qu’ils ont. Ils ne pensent qu’à eux-mêmes d’abord. Leurs mains restent toujours fermées car ils se disent qu’ils n’ont pas assez pour partager avec les autres. Pire ils se disent qu’ils n’ont rien et qu’ils sont plus pauvres que les autres. Et pourtant, ils ont un toit où dormir, ils prennent trois repas par jour, ils ont des revenus substantiels, ils jouissent d’une parfaite santé, ils ne sont victimes d’aucunes injustices, etc.
Bien-aimé(e)s le Christ nous met en garde aujourd’hui : « A celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a » (Mt 25, 29). Ceci est une vérité incontestable et éternelle. En effet, celui qui est capable de se soucier des autres, Dieu se soucie de lui et le bénit abondamment. L’adage ne dit-il pas « qui ne risque rien n’a jamais rien ». Et le psalmiste nous le reprend si bien : « Tu te nourriras du travail de tes mains : heureux es-tu ! A toi, le bonheur ! » (Ps 127 (128), 2). Plus on se dépense pour les pauvres, avec joie, plus on est dans l’abondance. Dieu ouvre pour nous les portes des bénédictions afin que nous puissions mener à bien cette noble tâche. Toutefois, si nous refusons de mettre en œuvre le don que Dieu nous a accordé en donnant tellement d’excuses on finit par être improductif. Et la conséquence est claire on perd ce qu’on avait et on devient envieux, jaloux et malheureux. C’est ce qui est arrivé à ce mauvais serviteur. C’est un peu comme quand on sait jouer au piano et qu’on arrête de le faire et on ne s’exerce plus au fil des années on perd les bons réflexes. Ainsi, nous n’attirons plus personne quand on joue. Et du coup on va commencer par envier celui-là qui hier ne nous arrivait pas à la cheville mais qui est devenu aujourd’hui meilleur que nous et très populaire parce qu’il s’est efforcé de s’exercer jour et nuit.
Bien-aimé(e), si aujourd’hui tu entends la voix du Seigneur qui te dis d’avoir un cœur compatissant pour les pauvres, n’endurcis pas ton cœur. Amen