TEXTES: Ml 1, 14b – 2, 1-2. 8-10 / Ps 130 (131), 1-3 / 1Th 2, 7b-9. 13 / Mt 23, 1-12
PREDICATEUR: P. Martin KOTCHOFFA, SVD
THEME: Vivez ce que vous professez
Bien-aimé(e)s dans le Seigneur, nous sommes au trente-et-unième dimanche du temps ordinaire de l’année A. L’Eglise, notre sainte mère, en nous proposant ces textes liturgiques veut que nous apprenions à vivre, dans l’humilité, selon ce que nous professons comme foi. C’est une invitation à rayer de notre vie cette dichotomie entre ce que nous exhibons et ce que nous faisons réellement en tant que Chrétien(ne).
Jésus en nous invitant à vivre selon ce que nous avons librement professé condamne les lois pléthoriques qui abandonnent ici et là, toutes au nom de la religion. Une telle pratique, révèle un danger que le Christ dénonce : celui de faire de la religion un fardeau pour le peuple de Dieu.
Dieu, en effet, n’a donné que dix (10) commandements à Moïse mais les scribes et pharisiens sous prétexte de les expliquer, sont arrivés à en faire six-cent-treize (613) commandements. Et le respect scrupuleux de ces commandements faisait de quelqu’un un bon croyant. Donc, l’aspect purement légal de la religion devient la norme pour tout jugement sur la relation que quelqu’un tient avec Dieu. Mais à vrai dire ces lois, si rigides, étaient devenues un fardeau pour le peuple de Dieu. Ainsi donc pour être comptés parmi les gens honorables il fallait s’efforcer de respecter ces lois. Du coup on tombe dans une obéissance mécanique et dépourvue d’amour et de miséricorde. Donc beaucoup portait ce lourd fardeau tout en ne vivant pas véritablement une intimité avec le Seigneur. La religion était donc devenue une prison pour le peuple. Et pourtant la religion ne doit pas être un fardeau pour le croyant. Car si c’est ainsi alors elle n’est plus la religion voulue par Dieu : relation d’amour avec Dieu et entre les hommes eux-mêmes. N’est-ce pas le résumé que le Christ donne de la loi ? Aimer Dieu et son prochain serait le signe de l’accomplissement parfait de la loi.
Bien-aimé(e)s, quand il y a trop de lois alors la religion est dévidée de ce qui est essentiel et finalement c’est l’apparence qui compte. Puisque chacun agis pour être vu. Voici, encore, un autre danger que le Christ dénonce. Beaucoup font du « m’as tu vu » ou « tu sais qui je suis » mais n’ont point d’intimité avec Dieu et leurs frères. On veut juste paraître.
Ainsi on vient à l’Eglise pour notre image sociale. Et surtout pour que demain on puisse bénéficier des funérailles chrétiennes. On participe à toutes les activités de l’Eglise juste parce qu’on veut éviter les critiques des autres. On porte les grosses croix et les chapelets pour que les autres voient que nous sommes chrétien(ne)s catholiques et pourtant on ferme les yeux sur la misère de ceux qui nous entourent. Du coup on se dit qu’il suffit d’obéir aux lois de l’Eglise pour être défini comme bon chrétien(ne). Et on est fier de dire que nous sommes en règle avec l’église car on paie nos deniers de cultes, on est à la messe tous les jours, on participe aux activités de l’Eglise, on paie la dîme, on contribue financièrement aux projets de l’Eglise, on a célébré le mariage, on communie tous les jours, etc. Donc nous sommes des chrétiens pratiquants. Mais vivons-nous l’amour ? Généralement, non ! Car malgré tout cela on est incapable de reconnaître le Christ dans le pauvre que nous croisons sur notre chemin, dans le prisonnier ou le malade que nous laissons mourir parce qu’il n’a pas d’argent pour se soigner, dans l’employé(e) que nous exploitons et maltraitons, etc. Oui, on devient comme des ostensoirs tenus en procession pour être contemplé mais sous nos lits, au tour de reins, se cachent des fétiches, des amulettes, des gris-gris, etc. Est-ce là être un(e) bon(ne) chrétien(ne) ?
Il est peut-être temps de recadrer les choses dans l’Eglise. Car probablement, inconsciemment, les lois ont pris le pas sur la pratique de la piété à telle enseigne que le regard miséricordieux que nous devons avoir a disparu au profit de l’apparence de la personne. Du coup notre relation avec le Seigneur devient plus extérieure qu’intérieure. Ainsi donc on encense ceux qui sont à la base des douleurs des autres mais qui au regard des lois sont en règle avec l’Eglise. Mais le pauvre qui vit authentiquement sa foi et qui pour une raison ou une autre n’est pas en règle avec l’Eglise, est purement et simplement ignoré. Les lois sont certainement importantes mais lorsqu’elles deviennent la priorité et prennent le pas sur l’intimité avec le Seigneur alors elles deviennent nuisibles pour la santé spirituelle du peuple de Dieu.
Bien-aimé(e) dans le Seigneur, si aujourd’hui tu entends la voix du Seigneur qui t’invite à vivre ce que tu professes n’endurcis pas ton cœur. Amen