CINQUIEME DIMANCHE DU TEMPS DE PAQUES DE L’ANNEE B

TEXTES : Ac 9, 26-31 / Ps 21(22), 26-29. 31-32 / 1Jn 3, 18-24 / Jn 15, 1-8

PREDICATEUR : P. Georges KAMALE, SVD

THEME : Porte de fruit

 

Avant d’aborder les textes sacrés de ce dimanche, un conte me vient en tête. Celle d’une femme stérile, qui a l’approche de sa ménopause, conseillée par plusieurs personnes, était motivée d’aller consulter le grand guérisseur du milieu. Apres consultation le guérisseur lui prescrivit des écorces d’arbres et lui donna un régime pour trois mois.

Au bout de trois mois, la femme fut enceinte. Le guérisseur prédit que l’enfant qui naitra sera une fille. Et quand elle aura atteint l’âge de dix ans, elle devrait être immolée en l’honneur de dieu « Tchalim-mognonou » (c’est-à-dire le dieu qui vit du sang) en signe de reconnaissance pour avoir donnée la fécondité à cette femme. Si non les enfants qu’elle mettrait au monde par la suite mourait tous à l’âge de dix ans. Le couple réfléchit au problème et accepta d’offrir son premier enfant au dieu Tchalim-mognonou afin que d’autre qui naitront puissent survivre. Neuf mois plus tard, cette femme stérile accoucha effectivement d’une fillette, une très belle fillette, à qui elle et son époux donnèrent le nom de Essoyomèwè c’est-à-dire sur Dieu je suis ou je me suis accroché à Dieu. La fillette grandissait devant les hommes remplie de sagesse, serviable, honnête, humble, droite devant Esso (Dieu) et les Hommes. Elle était tellement belle et vertueuse que tous les hommes du village voulurent demander sa main pour leurs Fils.  Lorsqu’elle eut ses dix ans le couple décida d’obéir à leur promesse. Essoyomèwè fut conduite pour être immolée à Tchalim-mognonou, sous le gros baobab, arbre de sacrifice. Quand l’heure du sacrifice sonna pour l’immolation, l’incroyable se produisit, une foudre s’abattit sur le baobab qui se fendit en deux. Du ciel une voix se fit entendre : « éyélé Essoyomèwè, ekè bèlo peekibanadou » c’est-à-dire laisser Essoyomèwè, c’est une fille au bon fruit. Cette fille a eu la vie sauve parce qu’elle demeurait en Esso, le Dieu suprême et produisait de bon fruit par sa vie vertueuse.

Dans le texte d’aujourd’hui, l’expression « porter du fruit » est répétée six fois en quelques lignes. Ce sont les fruits et non les belles paroles qui nous identifient en tant que disciples du Christ : « ce ne sont pas ceux et celles qui disent ‘Seigneur, Seigneur’ qui entreront dans le royaume des cieux, mais ceux et celles qui font la volonté de mon Père » (Mt 7, 21). Jésus condamne le figuier stérile qui n’avait que des feuilles. Il réprouve le servant inutile qui enterre son talent. Il reproche aux pharisiens de ne pas faire les œuvres de leur père Abraham (Jn 8, 39, Mt 3, 9). « C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Mt 7, 16).

Notre foi peut se développer si elle est vivante, si elle joue un rôle actif dans notre vie de tous les jours, si elle porte du fruit. C’est pourquoi nous venons rencontrer le Seigneur chaque dimanche afin d’écouter sa parole et reprendre des forces pour la semaine qui commence. Porter du fruit ne veut pas dire faire des choses extraordinaires, ça veut dire bien faire les choses ordinaires. Rattachés au Christ comme les sarments à la vigne, éclairés par l’Esprit Saint, nous pouvons alors donner du fruit en abondance. Les fruits de l’Esprit, nous dit Saint Paul sont : « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la douceur, la fidélité, la tendresse, la capacité de contrôler nos colères » …

Porter du fruit, c’est comme Essoyomèwè, donner un coup de main au voisin qui a besoin de notre aide, venir en aide à ceux et celles qui souffrent, savoir écouter et encourager, pardonner à ceux et celles qui nous ont offensés, faire un peu de bénévolat, participer à la vie de la paroisse, partager avec ceux et celles qui sont dans le besoin, etc.

Le texte d’aujourd’hui nous rappelle qu’il faut entretenir une relation régulière avec le Christ, afin que notre foi et notre engagement ne s’éteignent pas, comme la flamme d’une lampe qui manque d’huile. Grâce à la sève vivifiante de la vigne, les œuvres de bonté peuvent se produire et se multiplier.

« Qu’est‑ce que je fais de la sève de la vigne (du Christ) ? de la présence du Christ en moi ? » C’est la question qu’il faut nous poser lucidement, spécialement lorsque nous nous tournons vers lui pour la prière, et lorsque nous venons le recevoir dans l’Eucharistie. Question qui se répercute, et qu’il faut répercuter, dans notre vie de famille ou de communauté : Que faisons‑nous de la sève du Christ ?

Seigneur Jésus, Toi qui nous as aimé jusqu’au bout, répand ton Esprit en nous afin que nous demeurions en Toi et portions de fruits en abondance pour l’édification du monde et notre salut. Amen

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