VINGTIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE DE L’ANNÉE A

TEXTES: Is. 56, 1. 6-7 / Ps. 66 (67) 2-3, 5, 7-8 / Rm. 11, 13-15. 29-32 / Mt. 15, 21-28

PRÉDICATEUR: P. Ludovic AMOUZOU, SVD

THÈME : Pratique la justice en toute circonstance

Dans son livre intitulé De la Justice dans la Révolution et dans l’Eglise, Proudhon écrit : « La justice c’est le respect de la dignité humaine en quelque personne et dans toute circonstance qu’elle se trouve compromise et à quelque risque que nous expose sa défense. » Les lectures de ce vingtième dimanche, du temps ordinaire de l’année A, nous convient à être des hommes et des femmes qui croient en la justice, qui sont enclins à la pratiquer et qui sont à même de la défendre pour eux-mêmes ainsi que pour les autres.

Chers frères et chères sœurs en Christ !

Sans détour, la première lecture de ce jour du Seigneur nous commande de nous mettre au pas en ce qui concerne le droit et la justice. Par l’impératif ‘‘OBSERVEZ LE DROIT et PRATIQUEZ LA JUSTICE’’, Dieu nous fait prendre conscience de la nécessité voire de l’urgence de traduire en actes concrets ce que nous avons de beau, de vrai et de noble dans nos têtes, nos cœurs, nos vies, nos lois, nos décrets et nos constitutions.  Car, pour beaucoup d’entre nous, il existe une dichotomie entre  ce que nous disons, ce que nous professons et ce que nous vivons réellement au quotidien. Devant cette  dichotomie qui tend à se normaliser et à se formaliser, Isaïe le prophète sonne la cloche d’alarme. Aussi, prend-il sur lui de nous indiquer le remède contre ce mal qui se généralise en nous et autour de nous, un mal plus contagieux que le coronavirus. Pour ce faire, il nous présente comme prototype le vécu des païens considérés comme étrangers à l’Alliance et qui, sans le savoir, vivent la loi du Seigneur inscrite sur leurs cœurs et gravée dans leurs consciences. Et Cela a plu au Seigneur qui décide de les greffer à Israël, le peuple qu’Il s’est choisi et avec lequel Il a scellé une alliance. Mais quels styles de vie plaisent au Seigneur et qui le rend attentif, attentionné et agréable vis-à-vis des personnes indépendamment de leurs appartenances sociale, raciale, politique et religieuse ?

Le passage du livre d’Isaïe souligne trois styles de vie auxquels Dieu ne saurait résister : l’attachement au Seigneur par amour pour lui, l’effort permanent de servir le Seigneur et l’observance du Jour du Seigneur.

De nos jours beaucoup de personnes y compris celles chrétiennes sont attachées au Seigneur non pas par amour pour lui mais par intérêt personnel. Tant que nous sommes en bonne santé, tant que nos affaires prospèrent, tant que nos bonnes positions sont garanties, bref quand tout va bien pour nous, nous demeurons scotchés au Seigneur. Au moindre souffle de vent, à la petite difficulté, nous commençons à douter de la présence active du Seigneur dans nos vies et si cela val de mal en pis, nous n’hésitons pas à aller chercher la solution auprès des forces de l’ombre par leurs serviteurs que sont des féticheurs, des marabouts, des gourous et des recruteurs des loges. Est-ce une preuve de justice que nous donnons à Dieu par ces attitudes de trahison, d’infidélité et de prostitution ? Peut-il arriver de demeurer attacher au Seigneur pour se servir au lieu de le servir ?

La réponse est, malheureusement, Oui : nous pouvons demeurer attacher au Seigneur pour les privilèges que cette position peut nous conférer dans la société. Pourtant, le message du Christ est clair sur ce point : ‘‘Le Fils de l’homme est venu non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude.’’(Marc 10, 45) L’histoire de l’Eglise est pleine d’enseignements sur le reniement de foi de certains chrétiens devant les persécutions, les chantages de perte de position, les menaces de mort ou tout simplement devant une offre alléchante. La conversion de l’empereur Constantin n’aurait-il pas été aussi motivée par l’immense opportunité que le christianisme lui offrait de maintenir souder l’empire qu’il constituait par ses conquêtes de terres et dont il espérait la conquête des cœurs et des vies moulées dans le pouvoir inégalable de cette nouvelle et puissante religion ? Vous et moi, souvent, sommes des petits et modernes ‘‘Constantin’’ qui branlons notre appartenance chrétienne pour aider à dénouer une situation qui se ne résoudrait pas facilement sans jouer le pion de la chrétienneté. En de pareilles situations, il y a lieu de nous demander si, pour nous, vivre consiste à servir uniquement le Christ, mettant de côté et transcendant nos intérêts personnels égoïstes et nos propres ambitions. Prenons garde mon frère et ma sœur en Christ à ne pas nous servir de Dieu. Servons-le, plutôt, dans la justice et la sainteté véritables ! (antienne de cantique de Zacharie mercredi II) Car c’est le deuxième style de vie qu’agrée notre Dieu.

Chers Amis dans le Christ Jésus !

 

Quant au troisième style de vie, il consiste à arriver à faire de sa relation avec Dieu la priorité de priorités dans sa vie, ce qui peut s’exprimer par la manière dont on vit le Sabbat, le Jour du Seigneur.  Pour nous Chrétiens, c’est le Dimanche le Jour de la résurrection où nous avons au programme d’aller à la messe de dimanche. Pour certains, il s’agit tout simplement de devoir de conscience ou d’une obligation ou encore une opportunité de faire plaisir aux parents. Et là le risque d’assister à la messe c’est-à-dire d’être présent de corps et absent d’esprit ou de passer son temps à chercher si ses amis sont venus ou pire à répondre à des messages, c’est comme si nous profanons le sabbat, manquant ainsi de rendre justice à Dieu pour ce que nous sommes et ce que nous avons. Peu de chrétiens ont compris que la messe veut dire ‘‘action de grâce’’ et qu’on ne peut rendre grâce en étant spectateur passif. Ce qui est recommandé est de vivre la messe c’est-à-dire d’y participer activement, pleinement et consciencieusement. Ce faisant, nous faisons justice à la bonté de Dieu envers nous tout au long de la semaine écoulée. La justice n’est elle pas aussi une observation exacte des devoirs de la religion ? Mais, est ce à dire que ceux qui volontairement ou involontairement ne vivent ni l’attachement à Dieu par amour pour lui ni l’effort permanent de le servir ni l’observance du sabbat ne bénéficieront pas des grâces de Dieu, ne seront pas admis dans sa maison de prière? Serait-ce que le sort des Juifs réfractaires au salut en Jésus-Christ échapperait-il à Dieu ?

Saint Paul dans sa lettre aux Romains nous rassure que Dieu sait très bien ce qu’il fait. Il se sert des fautes des uns pour relever les autres et vice-versa. Dieu est toujours au contrôle de tout. Il y a des choses qu’il veut et elles arrivent. Cependant il y a aussi d’autres choses qu’il permet quand il s’en sert pour le bien de ses enfants, indépendamment de leurs croyances et de leurs pratiques religieuses. Car la justice de Dieu est toujours tempérée par son amour, surtout quand il s’agit du premier amour qu’on n’oublie jamais. En dépit de la faute d’Israël, Dieu fera tout pour le sauver du moins en sauver quelques uns. Car Dieu qui est toute justice ne jugera pas sans avoir pitié de lui?

Bien aimés dans le Seigneur !

A toute personne, quelle qu’elle soit, où qu’elle soit, qui vit un de ces styles de vie, le cœur de Dieu est réceptif, la maison de Dieu est ouverte, la promesse de Dieu et les grâces de Dieu sont acquises. Le récit de la rencontre de la cananéenne avec Jésus dans l’évangile de ce jour l’illustre parfaitement tout en mettant l’accent sur la foi, la persévérance et l’humilité qui désarment Dieu. Cette cananéenne qui recherchait en Jésus l’ultime salut pour sa fille tourmentée par un démon accourt vers Jésus avec une foi inébranlable. Elle reconnaît en Jésus le Sauveur et le poursuit avec ses cris de détresse mais en même temps d’espérance. Elle persiste, elle insiste et elle signe sa démarche d’une foi à déplacer les montagnes. Elle ne se laisse abattre par aucun obstacle et va jusqu’à  rappeler à Jésus que les grâces de Dieu sont pour toute personne pourvue que celle-ci aie la foi et la manifeste par des actes concrets : « C’est vrai Seigneur, mais justement les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table des maîtres. » En d’autres mots, « je ne te demande pas de priver quelqu’un pour me satisfaire. Je saurai me contenter de ce que dans ta bonté tu voudras me donner. » Par cette déclaration, la cananéenne fait l’étalage de sa foi, une foi que l’on rencontre chez peu de personnes mêmes les élus, les choisis. On peut dire que cette femme a réussi avec mention excellente le test de sa foi car Jésus lui déclare : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu veux. » En prophétisant cela, Jésus a rendu justice à la foi de cette païenne, cette étrangère qu’il nous donne comme modèle de disciple. Quelles sont les expressions de ma foi dans mes prières de demande et de supplication que j’adresse à Dieu ? Suis-je juste dans mes rapports avec Dieu et avec les autres ?

Prions ensemble :

Apprends-moi Seigneur comment pratiquer la vraie justice, celle qui est moulée dans ton amour et empreinte de ta miséricorde envers mes frères et sœurs ! Aussi serai-je en mesure de t’offrir la justice et l’équité, les sacrifices qui te plaisent ! AMEN !

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