SOLENNITÉ DE L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE ANNÉE A

TEXTES: Ap.11, 19; 12, 1-6a. 10b. /Ps. 44(45) 11,12a, 12b-13, 14-15a, 16b-16 / 1Co 15, 20-27a / Lc 1, 39-56

PRÉDICATEUR: P. Ludovic AMOUZOU, SVD

THÈME : Sur les pas de marie vers jésus

Méditant sur la place et le rôle de la Vierge Marie dans le salut de tout disciple du Christ, Saint Vincenzo Romano déclare : « La vraie dévotion envers  Marie, c’est l’imitation de ses vertus. » Le 1er Novembre 1950, en décrétant le dogme de l’Assomption de la Vierge Marie, le Pape Pie XII a rendu un double service aux Chrétiens de tous les temps et de tous les âges. En effet, ce dernier, d’une part, a affermi notre foi en la résurrection de la chair dont la Sainte Vierge Marie est l’assurance pour nous disciples du Christ ; d’autre part, le Saint Père nous propose la vie de Vierge Marie comme modèle simple de vie chrétienne.

Chers Amis dans le Christ !

Les textes proposés à notre méditation en cette solennité de l’Assomption de la Vierge Marie nous font découvrir la mine de trésors spirituels que représente la Mère de Dieu pour tout disciple du Christ qui apprend à voir en elle une mère et une puissante médiatrice. N’est ce pas ce que le Pape François affirme lorsqu’il déclare : « un chrétien qui ne perçoit pas la Vierge Marie comme une mère est un orphelin » ?

La première lecture tirée de la première lettre de Saint Paul Apôtre aux Corinthiens nous met dans le contexte dans lequel cette solennité de l’Assomption de la Vierge Marie doit être comprise et vécue : celle de la résurrection des morts dans la chair. Pour nous les Chrétiens, l’existence de l’Homme ne touche pas à sa fin à la mort biologique. Bien au contraire, elle se prolonge éternellement, mieux encore elle s’épanouie totalement après le passage obligé de la mort. Et ce passage, nous le traversons par la résurrection qui ne concerne pas que l’âme mais aussi le corps. Le Christ Jésus, nous rassure Saint Paul, nous a non seulement ouvert à jamais le passage mais plus encore donné la garantie que toute personne qui croit en lui, vit par lui et agit en son nom passera avec lui de la mort à la vie qui ne finit jamais. Après le Christ, ce fut ses disciples en particulier la Vierge Marie, le disciple par excellence. En célébrant la solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, nous remercions d’abord Dieu pour la promesse de la résurrection qu’Il a déjà réalisée en Maman Marie. Bien plus, nous professons notre foi en ce que le Christ nous ressuscitera nous aussi dans notre corps et dans notre âme à la fin de notre pèlerinage terrestre. Mais, tant que nous sommes sur la terre, la lutte intérieure et extérieure contre les puissances du mal à l’œuvre dans le monde ne cessera pas.

Bien aimés dans le Seigneur !

De cet ultime combat et de cette victoire finale, la première lecture extraite de l’Apocalypse de Saint Jean nous en donne un avant-goût. Cette lecture répond à trois importantes questions de notre vie chrétienne : Dieu est-il toujours dans le cours de l’histoire de l’humanité ? Pourquoi Dieu ne manifeste t-il pas sa présence au milieu de nous ? Quand et comment va-t-il nous libérer définitivement de tout mal ?

D’entrée de jeu, Saint Jean plante le décor dans lequel nous devons voir l’aboutissement de l’histoire de salut : La présence de Dieu symbolisée par l’ouverture du temple céleste et la vue de l’arche de l’alliance. Le premier symbole qu’est le temple de Dieu, qui est ouvert, nous enseigne que Dieu est toujours présent dans l’histoire humaine. S’Il a été toujours là sous une forme cachée, déguisée et mystérieuse, désormais Il le sera de manière visible, totale et accessible à tous. La gloire de Dieu va désormais se déployer pour la délivrance définitive et le salut final de tous ses enfants. Quant au deuxième symbole, l’arche de l’alliance, il nous rappelle l’alliance établie pour toujours par Dieu avec son peuple Israël, alliance faite de promesses et d’héritage. Aujourd’hui, nous tous qui croyons en Jésus-Christ et obéissons à sa loi d’amour constituons ce nouvel Israël qui jouira des promesses faites par Dieu à son peuple. Vous et moi sommes donc héritiers des promesses de Dieu, promesses qui culminent au bonheur éternel auprès de Dieu, notre Père bien aimé, après notre exil sur la terre.

Restons donc confiants en Dieu et en ses promesses qui se réaliseront car la manifestation de la splendeur de toute sa gloire sera une menace terrifiante pour ses ennemis mais une joie indicible pour nous les membres du peuple de son alliance. Mais à quel signe pourrons-nous reconnaître la révélation de la manifestation de la gloire de Dieu ?

Pour Saint Jean qui a eu la vision décrite dans la deuxième lecture de ce jour, la révélation de la manifestation de la toute gloire de Dieu passera par un combat entre Dieu et l’ennemi, combat au cours duquel, une fois pour toute, les adversaires de Dieu seront à jamais sous ses pieds. Le cheval de bataille de Dieu dans cette bataille est une femme, une femme enceinte, prise dans les douleurs de l’enfantement et sur le point d’accoucher d’un enfant mâle.

En cette femme, nous devons d’abord voir l’Eglise qui aujourd’hui est la cible de tous ceux que la lumière du Christ, la puissance de son enseignement, la force de son amour et le salut qu’elle offre dérangent. C’est donc de plus en plus dans la douleur que l’Eglise enfante ses enfants, qu’elle transmet l’héritage de la foi, de l’espérance et de la charité, qu’elle passe le témoin de l’Annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ aux générations futures et ceci jusqu’à la seconde venue du Christ, la parousie. Toutefois, nous ne pouvons pas non plus percevoir aussi dans cette femme couverte de majesté la Vierge Marie, la Bénie de Dieu, celle par laquelle Dieu s’est incarné dans notre histoire humaine. Elle est une figure dominante non pas par sa grande force mais par sa grande disponibilité à collaborer avec le plan d’amour de Dieu pour l’humanité à travers l’humble servante qu’elle est. D’elle, nous tenons l’arme de la tendresse telle que nous le décrit Saint Jean dans la seconde partie de la première lecture ainsi que Saint Luc dans tout le passage de l’Evangile du jour.

En effet, la femme ayant pour manteau le soleil, la lune sous les pieds et sur la tête une couronne de douze (12) étoiles n’a pas livré elle-même une bataille à la bête terrifiante qui est venue enlever tout espoir à l’humanité en tuant l’enfant à naître, le Berger de l’humanité. Dans toute sa grandeur et sa splendeur, elle laisse cela à Dieu. Elle se contente d’accomplir sa part dans le salut de toute l’humanité : faire sortir de ses entrailles ce fruit divin auquel elle a tout donné et qui, à son tour, consacre à jamais sa virginité. Accepter d’accomplir uniquement ce que Dieu nous demande de faire tout en permettant à Dieu de faire ce qui est uniquement de son ressort, est un grand challenge pour beaucoup de nous aujourd’hui.  La Vierge Marie a réussi à le faire et nous assure que vous et moi pouvons aussi le faire si nous prions pour la grâce de la docilité à la volonté de Dieu en toute circonstance. Loin d’être une paresse et encore moins une résignation, la docilité à la volonté qui nous fait accomplir notre part humaine nous donne de mieux canaliser nos attentions, pensées, énergies et ressources pour accomplir de manière extraordinaire dans l’ordinaire de nos vies des actes humains empreints de tendresse quasi divine.

Chers frères et sœurs en Christ !

 

Dans un style presque cinématographique, Saint Luc nous immerge dans l’expression de la sensibilité de Marie à l’amitié, à l’amour et aux affections dont elle a été l’objet de la part de Dieu. Cette sensibilité qui est résumée par la tendresse, la Vierge Marie la déploie vis-à-vis de sa grande cousine Elisabeth qui, à un âge fort avancé, portait sa première grossesse. En effet, la grande tendresse de la Vierge Marie s’exprime à travers son empressement à servir une personne en nécessité d’assistance, à travers le Saint-Esprit que sa présence manifeste et surtout à travers la louange qu’elle adresse à Dieu pour ses merveilles pour tous ses enfants en tout temps et en tout lieu.

Dans un amour presque maternel, Marie se met rapidement en route pour aller voir, saluer, féliciter et assister Elisabeth sa cousine. Dans notre monde d’aujourd’hui où la devise semble ‘‘être chacun pour soi, Dieu pour tous’’, la Vierge Marie nous invite à lever nos yeux au-delà de notre propre condition, à regarder autour de nous, à déceler le besoin de l’autre et à voler à son aide comme nous aurions souhaité être traités si nous étions à leur place. Maman Marie n’a pas attendu qu’Elisabeth qui vivait loin d’elle lui annonce la nouvelle de sa grossesse et fasse appel à elle avant de se mettre en route pour aller vers elle, demeurer avec elle. Notre monde froid d’aujourd’hui a besoin de cette présence et de cette chaleur humaine qu’aucun appel simple ou appel vidéo ne peut jamais remplacer. L’indifférence de plus en plus croissante, la méchanceté de plus en plus accrue et l’individualisme de plus en plus prononcé de nos sociétés humaines constituent autant de SOS (Save Our Soul = Sauve notre âme) que l’humanité nous lance, invitant toi et moi à semer la compassion dans nos couples, familles, quartiers, villages, cantons, communes, préfectures régions, pays et continents. Es-tu disponible à être le canal de compassion de Dieu autour de toi ?

Par ailleurs, la Vierge Marie mérite bien l’invocation ‘‘Epouse du Saint-Esprit’’ que l’Eglise lui reconnait dans la litanie mariale du Saint Esprit. Sa salutation à sa grande cousine et la chaude accolade entre elles qui s’en est suivie ont suffi à remplir Elisabeth du St Esprit qui reconnait en sa petite cousine Marie, venue lui rendre visite, la Porteuse et la Mère du Sauveur de toute l’humanité. Rien ne peut remplacer notre présence aux côtés des membres de nos familles biologiques surtout dans leurs épreuves de maladie, de vieillesse et de deuil. Cela leur apporte la paix, la joie et la force dont seul le Saint Esprit peut inonder leur corps, esprit et âme. Moi qui suis temple du Saint Esprit, suis-je vraiment un canal de la réception et de la manifestation des dons du Saint Esprit dans la vie des personnes autour de moi afin qu’avec elles je puisse louer les merveilles de Dieu dans nos vies de chaque jour ?

Enfin, la Vierge Marie témoigne toute sa reconnaissance à Dieu pour toutes les marques d’amour qu’Il a eues envers ses ascendants et ses descendants. A travers ce beau cantique, en toute humilité, la Vierge Marie ne reconnait aucun mérite de sa part et aucune gloire pour elle-même. A Dieu revient toute gloire, toute action de grâce. Que d’enseignements d’humilité, de compassion, de service et de tendresse véhicule la Vierge Marie, la Servante du Seigneur ! Comment avec autant de vertus ne pas être un disciple par excellence du Christ et être en chemin vers celui-là qui nous a aimés en premier d’un amour sans précédent ?

Chantons avec la Vierge Marie :

Ô Marie, Conduis-moi vers Jésus ! Apprends-moi à marcher avec Lui ! O Bienheureuse, Soutiens-moi dans ma vie ! Je m’abandonne à toi ma douce Mère.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.