VINGT NEUVIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE DE L’ANNEE A

TEXTES: Is 45, 1.4-6 / Ps 95 (96), 1-5. 7-10 / 1 Th 1, 1-5b / Mt 22, 15-21

PREDICATEUR : P. Roméo YEMSO, SVD

THEME: Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu: Rendez à Dieu son image.

 Bien aimés dans le Christ Jésus, en ce vingt neuvième dimanche dédié à la Journée de la Mission Universelle de l’Église, les textes liturgiques nous font réfléchir sur les relations entre l’État et l’Église; entre le pouvoir temporel et le pouvoir divin, intemporel qui s’affirment avec les  deux questions qu’on trouve dans l’évangile (Mt 22,15-21) de ce jour: «….Alors, donne-nous ton avis: Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur?»; «….Il leur dit: Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles?»

La première question a été posée par les pharisiens, leurs disciples et quelques partisans d’Hérode Antipas et la deuxième posée par Jésus lui-même à qui ils ont tendu un piège ou attrape-nigaud. Nous sommes appelés par ces textes de complot entre les ennemis d’hier pour évangéliser les peuples, pour manifester une mission universelle à laquelle Jésus s’est donné la passion- la mort pour faire triompher la vérité et rétablir le Royaume du Père Tout Puissant parmi les peuples. Ce Dieu miséricordieux et Compatissant, a une infinité de voies pour faire connaître aux hommes, aux femmes sa puissance, son règne, ses volontés, son amour à Israël (son peuple élu) et, à nous les païens qui sommes invités par les croisés de chemins, les gens sans terre, sans lois qui remplissent Son Église aujourd’hui.

En effet, la première lecture tirée du prophète Isaïe (Is 45, 1. 4-6) nous montre un Dieu Absolu et Transcendant de toute l’Histoire. Même les barbares, les tyrans, les méchants les plus impies servent à leur insu Ses Desseins et Ses Volontés. Le prophète Isaïe nous fait croire, en brisant le peuple Israël, c’est le jugement de Dieu qu’opère Sennacherib, l’orgueilleux empereur d’Assyrie. Comme dira Lutter, «Dieu se sert des méchants comme de sa main gauche» pour accomplir son oeuvre. Ainsi donc, Isaïe donne à Cyrus (558~528 av JC) le conquérant invincible, le nom sacré du Christ «le Oint» car il a restauré à Jérusalem le vrai culte rendu à Dieu. N’est-ce pas un signe incontournable et vérifiable que nous tous, bons comme mauvais, nous travaillons pour le Royaume de Dieu lorsque nous donnons une dimension à l’évangile dans notre vie? Tout ce que Dieu a créé est bon, alors détruisons l’orgueil, la gourmandise que nous avons acquis avec et dans l’ignorance du monde pour redevenir de bonnes terres et des instruments pour la Parole de Dieu.

Bien aimés dans le Christ, on dirait que le monde n’a pas changé depuis ce temps jusqu’à nos jours. Oui!  «Ce qui a existé, c’est cela qui existera ; ce qui s’est fait, c’est cela qui se fera ; rien de nouveau sous le soleil», disait Ecclésiaste (Ecc 1, 9). Les ennemis jurés d’hier s’entendent aujourd’hui pour tendre un piège, faire un attrape-nigaud à Jésus, afin de sauvegarder leurs intérêts au détriment de la personne de Dieu dans leur vie, dans le monde et de continuer à écraser les pauvres de Dieu.

Sérieusement le piège est bien pensé : « Est-il légal de payer des impôts à César ou pas? » Si vous répondez par la négative, vous pouvez être accusé de rébellion contre Rome. S’il légitime le paiement des impôts, il sera discrédité par ces pauvres paysans qui vivent opprimés par les impôts, et qu’il aime et défend de toutes ses forces. Mais la réponse de Jésus a été résumée en ces termes : «Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu». Par cette réponse dos à dos aux pharisiens et aux hérodiens, Jésus ne pense pas à Dieu et à César de Rome comme deux puissances qui peuvent chacune revendiquer, dans leur propre domaine, leurs droits auprès de leurs sujets. Comme tous les juifs fidèles, Jésus sait que Dieu « possède la terre et tout ce qu’elle contient, le monde et tous ses habitants » (Ps 24). Que pourrait être à César qui ne soit pas de Dieu? Les sujets de l’empereur ne sont-ils pas les enfants de Dieu? Et que pouvons-nous apprendre de la réponse de Jésus?

 Au fait, Jésus ne s’arrête pas aux différentes positions auxquelles sont confrontés les Hérodiens, Sadducéens et Pharisiens dans cette société parfaitement symétrique à la nôtre, concernant les hommages à Rome et leur signification : s’ils portent «la pièce de l’impôt portant TI. CAESAR, DIVI AUG. F. AUG qui signifie Tibère César Divin Fils d’Auguste, Auguste» dans leurs sacs, qu’ils remplissent leurs obligations. Mais il ne vit pas au service de l’Empire de Rome, mais ouvrant des voies au Royaume de Dieu et à sa Justice.

 Pour cette raison, il leur rappelle quelque chose que ses habituels adversaires ne lui ont pas demandé : «Donnez à Dieu ce qui est à Dieu». C’est-à-dire, ne donnez à aucun César de ce monde viral et méconnu ce qui n’est que Dieu: la vie de ses enfants, fils et filles. Comme il l’a répété tant de fois à ses disciples, les pauvres sont à Dieu, les petits sont ses favoris, le royaume de Dieu leur appartient. Personne ne doit en abuser. De plus, la vie, la dignité ou le bonheur des gens ne doivent être sacrifiés à aucun pouvoir. Et, sans aucun doute, aucun pouvoir aujourd’hui ne sacrifie plus de vies et ne cause plus de souffrances, de faim et de destructions que cette «dictature d’une économie sans visage et sans objectif véritablement humain» que, selon le Pape François, les puissants de la Terre ont réussi à imposer. Nous ne pouvons pas rester passifs et indifférents, faisant taire la voix de notre conscience dans la pratique religieuse.

Bien aimés dans le Christ Jésus, être chrétien/chrétienne ne signifie nullement être en marge des réalités politiques, aussi matérielles même que l’impôt, les taxes. Toute communauté ecclésiale est une ébauche de la communauté universelle proclamant une mission aussi universelle dans l’éducation et le développement intégral de l’homme dans sa foi, son espérance et sa charité. Ces concepts ne doivent pas seulement demeurés dans les dictionnaires et dans nos bouches mais nous renvoyer à nos réalités matérielles qui se traduisent naturellement et effectivement dans nos comportements de fraternité, de solidarité, de justice sociale, d’amour pour tous/toutes, et plus particulièrement les pauvres de communautés religieuses, paroissiales, étatiques et sociales. C’est en cela que l’apôtre Paul dans sa lettre aux habitants de Thessalonique, exhorte tous, chrétiens comme païens à vivre toujours en Action de Grâce ( Cf. 1Th 1, 1-5b). Par conséquent, l’Église notre Mère ne fait pas concurrence au reste du monde mais elle fait partie intégrante dans la mesure où, experte en humanité, respecte et interprète les lois et la vie de nos royaumes ici-bas dans la perspective du Royaume de Dieu qui se révèle, renouvelle et s’actualise dans le Christ Jésus, celui qui est : «Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens.» (Mt 22, 16)

Que devant la Lumière du Verbe et l’Esprit de Grâce se dissipent les ténèbres du péché et la Nuit de l’incroyance. Et que l’Amour de Jésus habite dans nos coeurs. Amen!

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