TEXTES : Is 55, 6-9 / Ps 144(145), 2-3. 8-9. 17-18 / Ph 1, 20c-24. 27 / Mt 20, 1-16
PREDICATEUR : P. Grégoire AGBALEVON, SVD
THEME : Ouvrons nos cœurs à la bienveillance du Seigneur !
La liturgie de ce dimanche touche un problème auquel l’humanité toute entière est confrontée depuis des siècles. Il s’agit du problème du manque de travail. Nous savons tous comment de nos jours il est très difficile de décrocher un boulot ou du moins d’être embauché à plein temps.
En parcourant les textes d’aujourd’hui, je me suis du coup rappelé de certains jeunes qui venaient par moment à la paroisse pour demander du travail et d’autres qui se sentent abandonnés par l’Eglise parce que cette dernière n’arrive pas à répondre à leurs besoins malgré leurs engagements. Ceci crée alors des frustrations et du découragement en ces personnes. Face à ces difficultés parmi tant d’autres, d’aucuns se posent la question de savoir où se trouve le Seigneur ? Est-ce encore possible d’espérer ? Voilà donc les questions que se posaient les fils d’Israël en exil à Babylone où ils se sentaient abandonnés par le Seigneur. Mais face à ces interrogations, le messager de Dieu, le prophète Isaïe s’est mis au travail pour raviver leur foi en Dieu avec des paroles réconfortantes, pleines d’espérance : « cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver, invoquez-Le tant qu’il est proche ». Cette exhortation du prophète sous-entend dire que le peuple s’est éloigné de Dieu. Il a perdu le goût de le chercher parce qu’il est découragé. Chers frères et sœurs, il est possible d’espérer car notre Dieu n’est ni un Dieu lointain, ni un Dieu indifférent des maux qui minent notre société. Il est tout proche et son nom est Immanuel c’est-à-dire « Dieu avec nous ». Ce n’est pas parce qu’il semble silencieux qu’Il est absent ou lointain. Il est Dieu qui nous surprend toujours parce qu’Il est riche en miséricorde, plein d’amour et de bonté. Il nous devance toujours dans nos pensées. C’est précisément ce qui traduit ce grand écart entre nous les hommes et Lui comme susmentionné dans la première lecture. Lorsque nous faisons les choses par calcul et jouons sur le mérite, Dieu agit par gratuité et par amour.
C’est justement ce que Jésus nous fait découvrir dans la page évangélique de ce jour par la parabole des ouvriers journaliers dont Il se sert pour nous communiquer trois aspects du Royaume des cieux : Primo, Dieu veut appeler tout le monde à travailler pour son royaume ; ensuite, à l’heure de la rémunération, il veut donner à tous la même récompense qui n’est autre que le salut, la vie éternelle. Finalement, si nous n’avons pas travaillé toute la journée à cause des circonstances de la vie, ou par négligence, insouciance ou par manque d’intérêt, le Seigneur continue à nous inviter. Car il n’y a pas de chômeur dans la Royaume de Dieu. Nul n’est trop âgé ou trop petit pour reprendre le travail ou joindre ceux qui sont déjà à l’œuvre. Tous sont appelés à travailler, et pour tous, au final, il y aura la récompense qui vient de la justice divine, c’est-à-dire le salut que Jésus-Christ acquit pour nous tous par sa mort et sa résurrection. Un salut qui n’est pas mérité mais donné gratuitement de sorte que les derniers deviennent les premiers, et les premiers, les derniers.
Par cette parabole, Jésus veut ouvrir nos cœurs à la logique de l’amour du Père, qui est gratuit, généreux et riche en pardon. C’est pourquoi, nous qui pensions être des ouvriers de la première heure, et faisons les choses par calcul ou par mérite, nous devrions nous rendre compte qu’en fait nous n’avons pas fait grande chose jusqu’ici. Avec humilité, nous devons nous ranger aux côtés des ouvriers de la dernière heure, tout en nous laissant étonner et fasciner par la miséricorde et la bonté de Dieu. Il n’y a pas de prime d’ancienneté dans la vigne du Seigneur mais il y a toujours un salaire généreux et équitable à la fin de la journée.
C’est le moment ou jamais de nous rappeler la phrase d’Isaïe dans la première lecture : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, dit Dieu… Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées au-dessus de vos pensées. »
Paul a vite compris cela. C’est pour cette raison que dans la deuxième lecture de ce dimanche il nous rappelle que notre vie aussi bien que notre mort en tant que chrétiens doivent être pour le Christ et dans le Christ. Ce qui veut dire que, quoi qu’il arrive, tout contribuera au progrès de l’Evangile et c’est la seule chose qui compte pour Paul. En d’autres termes, l’unique objectif du chrétien, c’est de prêcher l’Evangile et faire en sorte que notre vie concrète puisse contribuer à exalter le Christ dans toutes les situations. Ainsi, nous sommes tous invités à entrer quotidiennement dans la vigne du Seigneur, lieu du vrai bonheur avec Dieu et avec les autres, symbole de la bienveillance et la générosité de Dieu.