VENDREDI SAINT DE L’ANNEE C

TEXTES : Is 52, 13- 53, 12 / Ps 30(31), 2. 6. 12-17. 25 / He 4, 14-16 ; 5, 7-9 / Jn 18, 1- 19, 42

PREDICATEUR : P. Bruno WENSAN’NA, SVD

THEME : Le cri d’amour

 

Retournons dans les rues de Jérusalem, les cris retentissent partout, « crucifiez-le ». Dans ces mêmes rues de Jérusalem retentissent les pleurs.  Tous sympathisants, spectateurs se ruent pour voir l’homme humilié, battu, bafoué. Le peuple qui avait chanté son hosanna a son entrée triomphale l’a soit abandonné ou soit renié.  Dans ces rues de Jérusalem redonnons la parole à Jean pour méditer son récit.  Dans ces mêmes rues de Jérusalem la voix du prophète Isaïe fait écho puisqu’elles s’accomplissent. Dans toutes ces misères vécues l’homme souffrant vit un silence intérieur et extérieur. De ce silence jaillit des paroles fortes, des paroles de réconfort et des paroles de puissance.

  1. La parole du Pardon

« Maltraités, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : commun agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas bouche. » (Is 53, 7). Voilà pourquoi dans l’évangile de saint Luc il peut dire « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Lc 23, 34). Jésus mettait en pratique ce qu’il prêchait – l’amour inconditionnel et qui pardonne. Un jour, Jésus a prêché sur la montagne : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous maltraitent et vous persécutent » (Mt 5, 44). Jésus a rappelé à Pierre qu’il ne devrait y avoir aucune limite au pardon. C’est ce modèle que le premier Martyr Étienne a suivi (Actes 7:60). L’archevêque Oscar Romero, le fervent défenseur des opprimés, a dit le même mot de Jésus sur la croix, alors qu’il était abattu sur l’autel. C’est le pardon inconditionnel du Christ, avec les ténèbres à midi et le tremblement de terre, qui a incité le centurion chargé de la crucifixion de Jésus à proclamer : « Vraiment, il était le Fils de Dieu ».

  1. La parole d’assurance

« Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se charger de leur faute, mon serviteur justifiera les multitudes » (Is 52, 10). Sur la croix Jésus confirme ces paroles. A l’un des criminels il accordera cette grâce, « Amen, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans Paradis. » (Lc 23, 42-43).

Nous sommes ici pour nous rappeler comment Jésus est mort sur la croix pour sauver chaque âme humaine.. Allons-nous suivre l’exemple du voleur repentant qui, voyant la mort de Jésus, s’est converti – ou sortirons-nous de l’Église aujourd’hui impassibles, nos cœurs endurcis, retournant dans le monde de nos péchés et de notre infidélité comme le pécheur impénitent qui est mort dans ses péchés en présence du Seigneur de miséricorde et de pardon ?

3. La parole de réconfort « Lorsque Jésus vit sa mère et le disciple qu’il aimait, il dit à sa mère : ‘Femme, voici ton fils ». ( Jn 19, 26)Les disciples de Jésus l’avaient abandonné ; ses amis l’avaient abandonné ; sa nation l’avait rejeté ; et ses ennemis réclamaient son sang. Mais sa mère fidèle se tenait là, affligée, au pied de la Croix. Qui peut saisir le chagrin et la douleur de Marie voyant son fils souffrir – le chagrin d’une mère voyant son fils mourir comme un criminel sur une croix ? Jésus nous confie encore à sa mère.  « Aujourd’hui, c’est à vous que le Christ demande expressément de prendre Marie “chez vous”, de l’accueillir “dans vos biens” pour apprendre d’elle, qui «conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans son cœur» (Lc 2, 19), la disposition intérieure à l’écoute et l’attitude d’humilité et de générosité qui la caractérisèrent comme première collaboratrice de Dieu dans l’œuvre du salut. C’est elle qui, en accomplissant son ministère maternel, vous éduque et vous modèle jusqu’à ce que le Christ soit formé pleinement en vous » (cf. Rosarium Virginis Mariae, 15). 

  1. La parole de Désolation

Suspendu entre ciel et terre, Jésus regarde ceux qui l’entourent. Ce peuple est entrain de perdre celui là qui prenait soin de lui. Jean et Marie sont plongés dans la tristesse. Les autres disciples l’avait déjà abandonné, certainement pour ne pas vivre cette peine de voir partir leur maître et Seigneur.Chacun de nous éprouve des moments de désespoir et du rejet à certaines périodes de sa vie. Lorsque nous perdons un être cher, lorsque nous sommes dans l’agonie, lorsque le seul soutien de la famille est accidentellement supprimé, lorsque les conjoints sont divorcés, lorsque le pays fait face à de graves menaces pour sa sécurité, lorsque nous sommes au chômage, nous posons la question : « Où est Dieu ? Jésus rejoints chacun dans son cri désespoir. 5. La parole de souffrance« Après cela, Jésus, sachant que toutes choses étaient maintenant accomplies, afin que l’Écriture s’accomplisse, dit : J’ai soif » (Jn 19, 28).Jésus a exprimé cette soif des âmes dans sa rencontre avec la Samaritaine au puits, lui offrant l’eau de la vie éternelle. Jésus a soif d’âmes. Il meurt pour sauver nos âmes du péché et de Satan, des âmes qui vivront en accomplissant le devoir glorieux de faire la volonté de Dieu, des âmes qui brûleront du feu de l’amour de Dieu, des âmes qui aimeront leur prochain, car quoi qu’il arrive qu’ils font à leur prochain, ils le font au Christ.Lorsque Jésus dit : « J’ai soif », il ne s’identifie pas seulement aux besoins de l’humanité, il les expérimente. Quand nous avons soif, le Christ a soif. Quand les pauvres ont soif d’eau potable pour boire, le Christ a soif. Quand les enfants ont soif de parents qui les aimeront et ne les maltraiteront pas, Christ a soif. Lorsque ceux qui sont marginalisés par la société en raison de leur sexe, de leur origine ethnique, de leur religion, de leurs opinions politiques ont soif d’appartenance, le Christ a soif.

 

  1. La parole du Triomphe

« Lorsque Jésus eut donc reçu le vinaigre, il dit : ‘C’est fini’ » (Jn 19, 30).

Il a déclaré définitivement : « C’est fini ! » ce qui signifie que l’œuvre de salut qui lui a été confiée en tant que Messie de Dieu est maintenant « accomplie, achevée ». Cette sixième parole de Jésus est empreinte de puissance ; elle exprime une certitude et souligne avec force un aboutissement. Il a payé la dette que nous avions vis-à-vis de Dieu à cause de nos péchés : l’expression « c’est accompli » figurait à l’époque au bas d’une facture pour signifier qu’elle était entièrement payée. Il a été notre Substitut à la croix : « Il a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pi 2,  24). Il a été notre propitiation : Dieu nous est maintenant propice, favorable.

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