DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DE L’ANNEE C

TEXTES : Is 50, 4-7 / Ps 21(22), 8-9. 17-20. 22-24 / Ph 2, 6-11 / Lc 22, 14 – 23, 56

PREDICATEUR : P. Bruno WENSAN’NA, SVD

THEME : Au cœur de nos vies

Chers frères et sœurs en Christ! Nous voici tout proches des moments forts de la vie de Jésus. Le Seigneur fait son entrée triomphale à Jérusalem. Cette entrée le conduira les jours à venir à sa passion, mort et résurrection. Il s’agit en effet, d’un moment de triomphe et un moment de rejet, un moment de lumière et un moment de ténèbres. La lecture et les méditations des  textes d’aujourd’hui nous mettent face à la passion du christ (souffrance humaine) matérialisée par une certaine cruauté humaine et donc, une indifférence des hommes.

 Nombreux sont ceux qui liront les textes de ce dimanche avec un cri de cœur et dans un état de détresse. Nombreux sont ceux qui les liront dans une situation d’injustice, dans une situation d’abandon, dans un hôpital, dans une crise économique, au chevet d’un membre de leur famille mourant ou en prison… Peu importe la situation dans laquelle nous les lirons, nous le ferons avec des questions au cœur :  Quel est le sens de la souffrance face à la croix du Christ ? Quel est le sens de la victoire du Christ face à notre monde en proie à toutes sortes de souffrances ? Ce sont des questions sur lesquelles nous devons nous pencher en cette Semaine Sainte. Dorénavant, la souffrance du Christ donne un sens nouveau à la souffrance humaine. Jésus à travers sa souffrance devient l’archétype de ceux qui sont rejetés, abandonnés et déshérités. La passion nous rappelle la souffrance de nos frères en esclavage. C’est dans ce climat que sont nés la plupart des chants negro-spirituels qui, encore aujourd’hui, bouleversent le monde entier. (Howard Thurman, Deep River and The Negro Spiritual Speaks of Life and Death, Friends United Press, 1975.)

Le thème que j’ai choisi pour cette homélie est un extrait d’un de ces chants,

Tu es là au cœur de nos vies
Et c’est toi qui nous fait vivre
Tu es là au cœur de nos vies
Bien vivant, ô Jésus-Christ

À part ce chant nous pouvons illustrer aussi celui qui dit : « Personne ne sait ce que j’ai vu. Personne ne le sait, sauf Jésus »

Le sens le plus profond n’est pas le sens social, mais le sens spirituel. Cette mort a racheté le monde du péché, elle a porté l’amour de Dieu jusqu’à l’endroit le plus sombre et le plus lointain où l’humanité s’était cachée dans sa fuite de Dieu, c’est-à-dire la mort. Là n’est pas, disais-je, le sens le plus important de la Croix, mais c’est celui que tous, croyants et non-croyants, peuvent reconnaître et accueillir. (Raniero Cantalamessa, Homélie du vendredi saint 2019)

Chers frères et sœurs en Christ, hommes et femmes de bonne volonté !

Le récit de la passion du Christ n’expose pas seulement la souffrance humaine mais aussi la tragédie de la cruauté humaine. Le récit de la passion nous porte en face de nos réponses, nos inactions et actions, nos indifférences et neutralités devant la souffrance du monde aujourd’hui. Dans ce récit, nous sommes face à la réalité de la cruauté humaine qui sans cesse, s’est renouvelée et se renouvelle davantage à travers l’histoire de l’humanité.  Dans ce contexte précis, nous pouvons citer ici les atrocités des guerres, le trafic de drogues et celui des enfants, la recherche effrénée de l’argent, la destruction massive de la planète terre.  Sans cesse, la passion de Jésus se renouvelle à travers nos actions et notre silence aujourd’hui.

En ces derniers jours précisément, les regards sont tournés vers la triste réalité de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Les protagonistes de cette cruauté, je veux nommer Judas, les Pharisiens, les Scribes et autres… sont des caractères qui nous habitent tous. Méditons sur le Judas en chacun de nous et débarrassons-nous de lui. La passion du Christ nous met aussi en face de nos inactions, de nos fuites, nos abandons, de nos silences coupables et complices, de nos infidélités, de nos peurs…. En effet, Pilate qui dit: « Je ne suis pas responsable du sang de cet homme : cela vous regarde ! » et Pierre dans le récit de la passion sont des protagonistes du silence devant le mal  et la fuite devant ce mal.

Desmond Tutu dira ceci : « Si vous êtes neutre dans les situations d’injustice, vous avez choisi le côté de l’oppresseur. Si un éléphant a sa patte sur la queue d’une souris et vous dites que vous êtes neutre, la souris n’appréciera pas votre neutralité.»

Lors de la deuxième guerre mondiale, chers frères et sœurs en Christ !  un pasteur avait aussi fait l’expérience du silence et de cette indifférence vis-à-vis du mal.  De son expérience, il a écrit le poème que voici:

«Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas communiste. Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas Juif. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas syndicaliste.                                                                                                                                      Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas catholique.                                                                                                                                                  Et lorsqu’ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour protester. »

Pour toutes les fois Seigneur, que nous avons renoncé à nos croix, prends-nous en pitié. Pour toutes les fois Seigneur où nous avons été des bourreaux et des signes de scandales, prends-nous en pitié. Pour nos silences complices et coupables, prends-nous en pitié. Pour notre recul et notre peur, prends-nous en pitié.

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