VINGT-DEUXIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE DE L’ANNÉE A

TEXTES : Jr. 20, 7-9 / Ps. 62(63), 2,3-4, 5-6.8-9/ Rm 12,1- 2 / Mt. 16, 21- 27

PRÉDICATEUR : P. Ludovic AMOUZOU, SVD

THÈME : Offrons à Dieu les défis de notre vie quotidienne !

Méditant sur la vie de l’Homme sur la terre, Mère Teresa de Calcutta nous donne ce conseil : « La vie est un défi à relever, un bonheur à mériter et une aventure à tenter. » En ce vingt-deuxième dimanche du temps ordinaire de l’année A, les lectures nous invitent à nous armer de persévérance face au défi de la vie, à travailler sans relâche pour être heureux(se) et à donner la main à Jésus pour s’embarquer dans la merveilleuse aventure de la vie chrétienne.

Chers frères et sœurs en Christ !

Vivre de Dieu, par Dieu et pour Dieu telle que nous y convie la vie chrétienne comporte des épreuves et des défis à relever chaque jour. Ces défis peuvent concerner notre vie personnelle et/ou notre vie interpersonnelle. Dans la première lecture tirée du livre de Jérémie, le prophète est en proie à une souffrance, un déchirement au fond de lui-même par rapport à sa relation avec Dieu et avec ses contemporains. En effet, Jérémie se plaint du Seigneur qui l’aurait séduit à accomplir la mission de prophète auprès du peuple de Dieu qui s’est écarté du chemin et a fermé son cœur à sa voix et à ses volontés. Il est appelé un prophète de malheur car les paroles que le Seigneur met sur ses lèvres pour son peuple sont toutes des avertissements, des menaces et des condamnations. Mais, posons-nous la question : Est-ce Jérémie qui souhaite le malheur pour le peuple ou bien le peuple de Dieu, qui lui-même par ses mauvais comportements, attirent la punition de Dieu sur lui ? Par la nature de sa vocation, le Prophète n’est que la bouche ou le porte-parole de Dieu auprès de son peuple. Et souvent, sa mission consiste à faire prendre conscience au peuple de Dieu qu’il s’écarte de Dieu et que s’il continue de la sorte, un malheur lui arrivera. Malheureusement, nous, les hommes, détestons ceux qui nous font miroiter le reflet de notre propre image et les traitons d’ennemis de notre progrès, de jaloux et d’envieux alors que ceux-ci ne veulent, dans bien de cas, qu’une seule chose : que nous devenions meilleurs que ce que nous sommes déjà aujourd’hui. Face à la raillerie, à la moquerie et l’injure de ses contemporains, Jérémie s’en prend à Dieu qui lui a confié une lourde tâche à laquelle il ne peut se soustraire sans être déchiré davantage en lui-même. Que faire alors ? Comment continuer une mission qui vous pose en ennemi des hommes sans devenir obstacle au plan de Dieu ?

Bien aimés dans le Seigneur !

Pour Saint Paul, la seule solution réside dans l’offrande voire l’oblation de tout son Etre et de toutes les dimensions de sa vie à Dieu. En effet, dans sa lettre aux Chrétiens de Rome, l’Apôtre des nations païennes nous montre la voie du don de sa personne et de sa vie en sacrifice saint à Dieu afin que notre vie puisse plaire à Celui qui nous a tout donné et qui, de surcroît, s’est donné totalement et définitivement à nous en son Fils Jésus-Christ. Je me rappelle encore du dialogue entre le maître catéchiste et nous les catéchumènes lorsque j’étais enfant.

Catéchiste : « Qui nous a créés ? »

Catéchumènes : « C’est Dieu qui nous a créés. »

 Catéchiste : « Pourquoi nous a-t-il donc créés ? »

Catéchumènes : « Dieu nous a créés afin que nous l’adorions en ce monde et qu’un jour nous nous puissions le voir au ciel. »

 Oui mon frère ! Oui ma sœur !

Dans ces phrases que nous répétions comme des perroquets à la catéchèse se trouvent en condensé l’origine et la finalité de l’existence humaine. Les épreuves et les défis qui jalonneront notre vie entre ces deux pôles doivent être considérés comme des leviers pour enraciner notre foi, faire grandir notre espérance et décupler notre charité pour Dieu et pour la mission de salut du monde à laquelle Il nous associe lorsqu’Il pose sa main et nous envoie là où Il veut, quand Il veut, comme Il veut et pour proclamer ce qu’Il mettra sur notre cœur à l’endroit de son peuple. Mais, pour ne pas être soi-même un obstacle à la mission, il est vital que nous recherchions, reconnaissions et acceptions la volonté de Dieu, aussi mystérieuse, déroutante soit-elle pour nous. Cette recherche, reconnaissance et acceptation de la volonté de Dieu, Saint Pierre en a fait l’expérience et nous invite à grandir à partir de son expérience.

Chers Amis dans le Christ et en humanité !

Aujourd’hui, en méditant sur l’amère mais salvatrice expérience de Pierre dans la suite du passage de l’Evangile écouté le dimanche dernier dans lequel Jésus a félicité Pierre et lui a remis les clés du royaume des cieux, cette remarque de Robert BURTON me vient à l’esprit : « Là où Dieu a un temple, le diable aura une chapelle. » Si cela n’est pas le cas, comment comprendre que celui qui a reçu une révélation de l’Esprit Saint sur la réelle identité de Jésus peut-il dans les minutes qui suivent devenir Satan c’est-à dire un obstacle sur la route du Christ qui obéit à la volonté de son Père qui lui demande le sacrifice suprême de la mort sur la croix ?

Donner sa main à Jésus pour vivre la merveilleuse aventure de la vie Chrétienne exige que nous laissions Dieu nous transformer et que nous renouvelions notre façon de penser en prenant Jésus et non le monde comme modèle.

La raison pour laquelle Jésus a qualifié Pierre de Satan et lui a ordonné de passer derrière lui se trouve dans les pensées certes humainement bonnes et protectrices de Pierre vis-à-vis de son maître bien aimé mais divinement pernicieuses et sataniques car contraire au plan de salut de l’humanité établi par Dieu. De cela nous pourrons dire que ce ne sont pas toutes les bonnes idées qui entrent dans la volonté de Dieu pour notre bien suprême avec notre salut comme ultime bien. « Tout m’est permis mais tout n’est pas profitable ; tout m’est permis mais je ne me laisserai, moi, dominer par rien » déclare Saint Paul dans sa première lettre aux corinthiens 6,12.

Que faut-il alors penser, dire et faire pour avoir l’assurance que nous sommes toujours dans la volonté de Dieu ? Jésus, qui a accompli la volonté de Dieu son Père et notre Père depuis sa conception jusqu’à son ascension, nous le révèle en trois points : le renoncement de soi, le portement de sa croix et la marche fidèle à la suite de Jésus.

Renoncer à soi est synonyme de se vider de son égo, de sa volonté, de ses aspirations et ambitions personnelles pour faire toute la place à Dieu qui veut être le premier dans nos vies, la boussole et la référence de notre existence. Il s’ensuit alors que le disciple du Christ doit mettre ses pas dans celle du maître en prenant sa part de souffrance maintenant afin de partager sa gloire à venir.

Porter une croix est en même temps scandale pour les Juifs et folie pour les Grecs. Mais, pour les disciples du Christ dans le temps et dans l’espace, elle est puissance et sagesse de Dieu (1Corinthiens 1, 23-24). Nul ne peut se dire disciple du Christ sans la marque préférentielle de la croix qui singularise ceux qui donnent leur vie à Jésus. Refuser d’admettre cela et proclamer une vie chrétienne exempte de souffrances, de peines et d’épreuves, c’est dénaturer l’Evangile ou tout simplement proclamer un évangile autre que celui du Christ. Nous avons entendu ce que l’annonce de l’arrestation, de la passion et de la mort du maître a coûté à Simon-Pierre quand il a été comparé à satan refusant que la volonté de Dieu advienne dans la vie du Sauveur du monde.

En outre, marcher fidèlement à la suite de Jésus consiste à vivre une vie de proximité, de compassion, de miséricorde, de sacrifice et de communion avec ses frères et sœurs les humains. Jésus a marqué l’histoire par la manière pleine, généreuse et qualitative dont toute sa vie a été orientée vers Dieu et vers les hommes. Jésus s’est illustré par le fait que ce qu’Il enseignait, Il y croyait et ce en qu’Il enseignait avec foi, Il le mettait en pratique dans l’ordinaire de sa vie. Pouvons-nous en dire autant nous ses disciples d’aujourd’hui que nous soyons laïcs ou personnes consacrées ? Est-ce que nous arrivons à être la présence du Christ dans notre monde d’aujourd’hui par le modèle exemplaire de notre vie en tant que agents de l’Etat, hommes d’affaires, citoyens d’un pays et enfant de Dieu ?

Chrétien, mon frère ! Chrétienne ma Sœur !

En ce vingt-deuxième dimanche du temps ordinaire, le Seigneur nous invite à relever les défis de notre merveilleuse aventure de  foi à la suite du Christ afin que le vrai bonheur auquel nous aspirons tous et toutes soit un jour totalement et définitivement comblé par Dieu sans lequel notre vie est sans repos.

Prions ensemble :

 

Seigneur Jésus ! Tu t’es donné entièrement à moi et m’appelle à me donner aussi totalement à toi ! Apprends-moi à relever les défis de chaque jour ! Enseigne-moi à rechercher toujours en toi seul mon bonheur suprême ! Fais-moi aussi la grâce de te faire confiance dans ma marche à ta suite pour donner espoir, confiance et charité au monde ! Ainsi-soit-il !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.