TEXTES : Is 63, 16b-17.19b; 64, 2b-7 / Ps 78 (80), 2ac-3bc, 15-16a, 18-19 / 1Co 1, 3-9 / Mc 13, 33-37.
PREDICATEUR: P. Roméo YEMSO, SVD
THEME: Veillons dans nos vies et dans notre monde aujourd’hui.
Bien aimés dans le Christ Jésus, en ce premier dimanche de l’année liturgique appelé Premier Dimanche de l’Avent, Année B, la Parole de Dieu comme un glaive traverse notre âme en disant de Veiller ou de rester éveillé dans ce monde ténébreux et menaçant par la peur et la pandémie de COVID-19. Tous les textes liturgiques en ce jour nous appellent à retourner vers notre Dieu: «Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme. Mon Dieu , je compte sur toi; je n’aurais pas à en rougir. De ceux qui s’attendent, aucun n’est déçu» ( Ps 24, 1-3).Veiller et aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur, «Notre Rédempteur, depuis toujours», pour entrer dans son Royaume infini.
Bien aimés dans le Christ Jésus, dans la première lecture tirée du prophète Isaïe (Is 63, 16b-17.19b; 64, 2b-7), l’homme se rend compte que la Tendresse, la Miséricorde de Notre Dieu atteint tout homme / femme qui met sa confiance, sa fidélité en Lui. Ainsi, entre nous et Dieu, il n’y a plus de honte, de mur comme une barrière infranchissable. Celui que nous appelions Père Miséricordieux, Tout Puissant nous laisse dans un Grand Silence insupportable, inconfortable. Voilà un de nos sérieux raisonnements pour pécher et faire de Lui l’auteur et la cause de nos fautes, de nos mauvaises conduites. Il serait souhaitable en ce temps de l’Avent, en ce commencement de l’année liturgique d’en finir avec ces accusations à tort et à travers pour rétablir une bonne confiance et une vie religieuse digne des fidèles de «Notre Rédempteur , tel est son Ton nom depuis toujours».
Bien aimés dans le Christ Jésus, l’évangile de ce jour provient de l’extrait de l’évangile selon Saint Marc (Mc 13, 33-37), le grand Catéchiste de tous les temps. Cet extrait parvient à nos oreilles par le mot «Veiller»!
En effet, la vigilance que demande «Notre Rédempteur pour toujours» à ses fidèles et amis, n’est plus tout à fait celle que les anciens Prophètes réclamaient du peuple choisi par Dieu. Nous n’avons plus à rêver d’un paradis perdu, ni d’un avenir lointain. Le Royaume de Dieu est parmi nous, en nous, les veilleurs des nuits et des jours. Veiller consisterait à lire les signes des temps, le présent et à y déceler l’éternité à l’œuvre. Une telle vigilance n’est pas seulement propre pour l’Epouse du Christ mais aussi et profondément la vie de ses fils et filles de la Jérusalem d’aujourd’hui. Dans cette vigilance et cette programmation pastorale, de vie de chaque jour, laissons une petite place à la Providence divine, qui fait produire en nous l’inattendu, l’improviste. Peut-être que le Royaume de Dieu risque d’être du côté, l’inattendu, l’improviste. N’est-ce pas que L’Église et ses composantes se laissent conduire par et dans la présence l’Esprit Saint qui vient nous rendre toutes choses nouvelles, et nous enseigner tout ce que Notre Rédempteur avait enseigné à ses apôtres?
Pouvons-nous à ce temps de l’Avent, ce temps d’attente, d’espérance, de l’accueil de notre Notre Rédempteur, revisiter notre vie de chaque jour, nos manières de voir les autres et les choses autrement dans notre monde actuel? Voici en quelque sorte une grille ou quelques pistes de tourisme dans notre méditation en ce jour de la Bonne Année liturgique.
Peut-être que sans nous en rendre compte, notre vie perd de sa couleur et de son intensité. Petit à petit, il semble que tout commence à devenir lourd et ennuyeux. Nous faisons plus ou moins ce que nous avons à faire, mais la vie ne nous favorise pas ou nous prouve le contraire.
Un jour, nous voyons que la vraie joie a disparu de nos cœurs. Nous ne pouvons plus savourer le bon, le beau et le grand qui existe.
Petit à petit, tout s’est compliqué pour nous. Peut-être que nous n’attendons plus grand chose de la vie ou de qui que ce soit. Nous ne croyons même plus en nous-mêmes. Tout nous semble inutile et dénué de sens. L’amertume et la mauvaise humeur nous envahissent de plus en plus facilement. Nous ne chantons plus. Rien que des sourires forcés sortent de nos lèvres. Nous n’avons pas pu prier depuis un certain temps.
Peut-être réalisons-nous tristement que nos cœurs se sont endurcis et qu’aujourd’hui nous n’aimons presque personne. Incapables d’accueillir et d’écouter ceux/celles que nous rencontrons au jour le jour sur notre chemin, nous ne savons que nous plaindre, condamner et disqualifier. Peu à peu, nous sommes tombés dans le scepticisme, l’indifférence ou la paresse spirituelle ou totale. Avec de moins en moins de force pour tout ce qui demande de réels efforts et améliorations, nous ne voulons plus prendre de nouveaux risques. Pas de peines, pas de risques dans notre vie actuelle. Soucieux/soucieuses de bien des choses qui nous semblaient importantes, la vie nous a échappé ou nous l’avons ratée. Nous avons vieilli de notre intérieur et quelque chose est sur le point de mourir en nous. Que pouvons-nous faire?
Le premier pas à faire est de se réveiller et d’ouvrir les yeux du cœur, les yeux de Jésus, sur la Croix, comme nous conseille le théologien Hans Ure Von Balthazar. Tous ces symptômes montrent clairement que nous avons une mauvaise vie. Cet inconfort, ce malaise que nous ressentons est le cri d’alarme qui a commencé à retentir en nous.
Rien n’est perdu, rien n’est trop tard. Nous sommes les enfants de la Grande Béatitude, l’Espérance, de Celui qui doit venir juger les vivants et les morts. Nous ne pouvons pas soudainement nous sentir bien dans notre peau, mais nous pouvons réagir. Nous devons nous demander ce que nous avons négligé jusqu’à présent, ce que nous devons changer, sur quoi nous devons consacrer plus d’attention et de temps. Les paroles de Jésus s’adressent à nous tous: «Soyez vigilants, ce que je vous dis là, je le dis à tous : veillez» ( Mc 13, 37)!
Que devant la Lumière du Verbe et l’Esprit de Grâce se dissipent les ténèbres du péché et la Nuit de l’incroyance. Et que l’Amour de Jésus habite dans nos cœurs. Amen!