VINGT-SIXIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE DE L’ANNEE A

 

TEXTES : Ez 18, 25-28 / Ps 24(25), 4-9 / Ph 2, 1-11 / Mt 21, 28-32

PREDICATEUR : P. Grégoire AGBALEVON, SVD

THEME : Va travailler aujourd’hui à ma vigne !

 

Par moment, quand les épreuves s’invitent dans notre vie et on ne sait plus à quel saint se vouer, on est tenté de sortir des propos discourtois à l’égard de Dieu comme par exemple :  Qu’ai-je fait à mon Dieu pour mériter un tel sort ? Un tel propos révèle combien de fois dans notre mentalité nous sommes sceptiques de la bienveillance et la bonté de Dieu. Nous reprochons à Dieu de ne pas être clément envers nous. Voilà ce que traduisent les paroles des fils d’Israël : « le chemin du Seigneur n’est pas correct ».

Cela laisse sous-entendre que Dieu est injuste, inéquitable. Il tient pour responsable la génération actuelle des fautes commises par la précédente et il punit. Mais Dieu retourne l’accusation par une question : « N’est ce pas plutôt vos chemins qui ne sont pas corrects ? » Par celle-ci, Dieu fait apparaître l’enjeu véritable : si la génération actuelle souffre, ce sont ses chemins incorrects, qui en sont responsables et non la manière d’agir d’un Dieu injuste. Les fils d’Israël se prétendent victimes des fautes de ses pères, alors qu’elle est, en fait, punie pour ses propres fautes. Mais, si elle ne pouvait rien faire pour changer la conduite passée des générations précédentes, elle a cependant la capacité de renoncer à sa méchanceté.

Cela voudra dire que Dieu nous donne une seconde chance pour que nous nous convertissions et assurions notre vie. Le méchant n’est donc pas enfermé dans un verdict de mort : il lui appartient d’y échapper en ouvrant les yeux sur ses égarements, en renonçant au mal et en reprenant le chemin du droit et de la justice. Autrement dit, nous sommes appelés à être sincères dans nos rapports les uns avec les autres. Cependant le critère de la sincérité ne réside pas dans les paroles mais dans les actes ; non pas : « Que dites-vous d’extraordinaire ? » mais bien : « Que faites-vous d’extraordinaire ? » (Mt 5, 47). Les paroles ne sont rien si elles ne sont pas accompagnées par les actes. Tel est l’enseignement de la parabole des deux fils que le passage évangélique nous présente ce dimanche. En effet, dans cette parabole, le père représente Dieu ; la vigne l’Eglise. Les deux fils correspondent à deux classes d’individus. Celui qui refusa d’obéir, en disant : « je ne veux pas », était une figure de ceux qui ne faisaient aucune profession de piété, repoussant ouvertement les restrictions qui découlent de l’obéissance aux commandements de Dieu. Mais plusieurs d’entre eux par la suite répondirent à l’appel divin. Quand l’Evangile leur fut présenté en ces termes : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche », ils se repentirent et confessèrent leurs fautes. (Mt 3, 2)

 Le caractère des pharisiens fut révélé dans l’attitude du cadet qui dit : « je veux bien Seigneur » ils étaient impénitents et remplis d’eux-mêmes. Souvent notre vie chrétienne n’est qu’un simulacre. Quand la loi fut proclamée sur le mont Sinaï, les juifs unanimement répondirent : « Je veux bien Seigneur » mais ils ne le firent pas. Par nos propres paroles nous-nous condamnons nous-mêmes comme nous le constatons chez les Pharisiens, qui face à la question posée par Jésus : « Lequel des deux fils a fait la volonté du père ? Ne doutant de rien, ils répondirent : le premier ». Dans la parabole, le fils qui a dit : « je veux, Seigneur », s’est donné lui-même des airs d’obéissance ; mais le temps a démontré qu’il en avait que l’apparence. Il n’aimait pas véritablement son père. Nombreux sont ceux qui prétendent obéir aux commandements de Dieu sans avoir dans leur cœur l’amour de Dieu qui se répand sur le prochain. Chaque fois, le Christ nous invite à s’unir à lui dans son œuvre de salut, mais nous nous contentons seulement de répondre : « Je veux bien Seigneur. » Toutefois, nous ne mettons rien en pratique. Nous restons oisifs ; Nous faisons au Père de fausses promesses. Nous prenons l’engagement de nous consacrer au service de Dieu et du prochain, mais nous ne le tenons pas. Nous nous disons enfants de Dieu, mais nous ne nous soumettons pas à sa volonté. La preuve, dès que le renoncement s’impose et qu’il faut se charger de sa croix, nous nous retirons. Nous avons une dette envers Dieu à chaque fois que nous retenons notre temps, notre argent ou un autre don, car nous travaillons contre Lui. Ceux qui refusent d’être les collaborateurs de Dieu sur cette terre ne le seraient pas davantage au ciel.

Notons aussi que le fils qui refuse, pendant un certain temps, d’obéir à l’ordre paternel n’est pas condamné par le Christ ; mais il ne reçoit pas non plus de compliment. Pour dire, que ceux qui jouent le rôle du premier fils, ne méritent aucune louange pour leur attitude. Si nous cultivons la vigne de notre âme avec fidélité, nous travaillons non seulement pour nous-mêmes mais aussi pour nos semblables.

Dieu est un père, à ce titre, il a droit à un fidèle service de notre part. C’est pourquoi, aujourd’hui, Il exige de tout un chacun de nous l’obéissance dont le Christ son fils unique a fait preuve. Il s’est mis à la disposition de son Père avec amour, volontairement et librement. C’est ce sur quoi Saint Paul attire notre attention dans la deuxième lecture de ce jour, en nous disant comment on vit « dans le Christ ». Il emploie deux fois cette formule, au début et à la fin de ce passage : au début « s’il est vrai que dans le Christ … » et à la fin « Ayez en vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus ». Ce qui signifie si aucun sacrifice, aucun labeur ne paraissait trop pénible au Christ tandis qu’il accomplissait l’œuvre à laquelle il était venu, nous aussi, devons- nous servir Dieu c’est-à-dire coopérer avec Lui si nous désirons être à l’image du Christ.

Que la Vierge Marie, celle qui est restée fidèle à son « oui » jusqu’au pied de la croix, intercède pour nous pour que notre « oui » soit vraiment « oui ». Amen

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