TROISIEME DIMANCHE DU TEMPS DE CARÊME DE L’ANNEE C

TEXTES : Ex 3, 1-8a. 10. 13-15 / Ps 102(103), 1-4. 6-7. 8. 11 / 1 Co 10, 1-6. 10-12 / Lc 13, 1-9

PREDICATEUR : P. Marcellin YAWO, SVD

THEME : L’urgence de la conversion !

 

          Il serait absurde de penser que la souffrance, la maladie et la mort sont nécessairement le fruit du péché comme le pense ceux qui adhèrent à la doctrine de la rétribution. Au contraire, la souffrance demeure une école où l’on apprend à écouter Dieu. L’évangile de ce dimanche nous rapporte deux évènements : des Galiléens qui ont été massacrés pendant qu’ils offraient le sacrifice et les dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé. Les questions et les réponses de Jésus à la foule sur ces deux faits ont battu en brèche cette doctrine de la rétribution. Et Jésus, nous interpelle à apprendre de ces évènements en ces terme : « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez de même » (Lc 13, 3). Il est donc clair qu’il y a une urgence de la conversion pour celui qui ne veut pas périr. Et puisque personne ne connait comment il périrait, une action rapide de préparation et de conversion est nécessaire. « L’urgence de la situation dicte l‘urgence de l’action ». 

Ceux qui se sont approchés de Jésus pour lui poser des questions sur le crime commis par Pilate sur les galiléens qui offraient le sacrifice espéraient un jugement sévère de condamnation de sa part contre Pilate. Mais Jésus surprend ses interlocuteurs, il ne prononce pas de paroles agressives. Il commence par exclure toute corrélation entre la mort de ces personnes et leurs éventuels péchés. Et il invite à tirer une leçon de cet évènement : ceci doit être plutôt un appel à la conversion. Pour élucider sa position, Jésus évoque un autre évènement ; la mort des dix-huit personnes, provoquée par l’écroulement de la tour de Siloé. Ces personnes, dit Jésus, n’ont pas été punies à cause de leurs fautes. Elles sont mortes à cause d’un accident ; cela pourrait arriver à d’autres personnes que ceux-là. Cet évènement aussi doit être lu comme un rappel à la conversion. La mentalité des contemporains de Jésus n’est en rien différente de la nôtre aujourd’hui. Comme les contemporains de Jésus, nous sommes tentés de justifier les tragédies, les accidents et les catastrophes qui adviennent dans nos sociétés par les péchés commis par les victimes. Jésus ne voit pas les choses sous cet angle. Jésus nous invite plutôt à ne pas nous attarder sur le pourquoi du sort tragique subi par les victimes des catastrophes. Il faut plutôt en tirer une leçon de conversion.

 La conversion dont nous parle Jésus ici est spécifique. Il s’agit de la conversion de la mentalité, de changer la manière de penser. Jésus n’a pas essayé d’échapper le problème posé. Pour lui, il faut attaquer le problème à sa racine. Si les problèmes socio-économiques et politiques que nous connaissons aujourd’hui ne sont pas adressés à la source, il serait inutile de nourrir l’illusion que le changement interviendra juste en substituant les acteurs au niveau décisionnel. Si les nouveaux acteurs n’ont pas un nouveau cœur, une nouvelle mentalité et de nouvelles approches, de nouvelles logiques, il n’y aura pas de changement dans nos sociétés. La parabole du figuier que Jésus raconte dans la seconde partie de l’évangile nous montre jusqu’à quel point Dieu reste patient pour que nous puissions changer. Contrairement au figuier stérile desséché de Matthieu et Marc, le figuier dont nous parle Luc reste en vie malgré sa stérilité. Le maître a fait preuve de patience et de compréhension envers lui. C’est l’image de la miséricorde de Dieu qui se déploie.

Un Dieu qui se tourne vers son peuple en souffrance et qui envoie Moïse le sortir de la main de pharaon (première lecture). Les pécheurs vivent par sursis grâce à la miséricorde de Dieu comme le figuier de Luc a été épargné par sursis. Mais ceci n’est pas une raison pour persister dans le péché mais une urgence pour se convertir ; vu le temps que le maître de la vigne nous donne dans sa patience pour se repentir.

Bien-aimés dans le Seigneur, en ce temps de carême, hâtons-nous de changer nos vies puisque le temps de carême passe si vite. De plus, le carême ne se résume pas en un ensemble de pratiques ascétiques : jeûner, prier, faire aumône, s’efforcer de corriger tel ou tel défaut etc. La conversion qu’il exige est quelque chose de plus radicale : c’est un changement dans l’être, c’est naître de nouveau. Il nous faut alors, de nouveaux yeux pour voir différemment, un nouvel esprit pour changer les critères des choix que nous opérons chaque jour, un nouveau cœur plus limpide, plus grand, plus miséricordieux. Et pour cela, il nous faut une nouvelle rencontre personnelle et profonde avec le Christ. Ainsi notre attitude face au péché ne restera pas la persistance mais le renoncement.

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