TEXTES : Dt 30, 10-14 / Ps 68, 14. 17. 30-31. 33-34. 36-37 / Col 1, 15-20 / Lc 10, 25-27
PREDICATEUR : P. Bruno WENSAN’NA, SVD
THEME: Un amour bouleversant
« Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » une question bouleversante venant d’un docteur de la loi. A cette question Jésus propose une parabole bouleversante d’un amour bouleversant pour son audience. La parabole ouvre une nouvelle perspective sur l’amour et sur la question de qui est mon prochain. La parabole du bon samaritain, comme son titre le suggère, nous présente plusieurs personnages : un Lévite, un samaritain, un prêtre. Jésus propose cette parabole pour répondre à la question de « qui est mon prochain ».
« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. », rapporte Jésus dans sa parabole. Un prêtre et un lévite des experts dans la loi qui connaissent bien le message du salut passe par ce chemin sans jamais s’arrêter. D’une part l’on pourrait dire qu’ils ne sont pas attentionnés, mais d’autre part on pourrait aussi assumer qu’ils avaient peur puisque la route qui reliait Jérusalem à Jéricho était une route dangereuse, peut être aussi qu’ils n’avaient pas connaissance des premiers soins. Au-delà de cela, il y aussi le fait que, vu l’état du blessé, s’il était réellement mort ils se seraient rendus impurs. Jésus sait encore nous étonner. Il fait intervenir un Samaritain, ennemi ancestral des Juifs. Partageant les mêmes écritures du Pentateuque, les Samaritains ne reconnaissent pas le choix de Jérusalem pour Temple (dont ils seront interdits d’accès) mais le mont Garizim. Bref, notre Samaritain n’est pas le bienvenu… du moins peut-on le penser. Cependant, cet impur et infidèle est celui qui, à l’image de Dieu, fait preuve de compassion et se dépense sans compter pour un inconnu inconscient. Il fait pour lui ce qu’il aurait fait pour son frère. Il s’est rendu proche non seulement de l’homme quasi-mort mais de Dieu et donc de la vie éternelle.
« Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Question fondamentale qui se pose à l’homme. Jésus renvoie le docteur de la Loi à son savoir qui lui donnerait accès à la vie éternelle. Dans son élan de réponse, Le Docteur de la Loi la donne de façon très pertinente, citant ensemble les livres de Deutéronome (6,5) et Lévitique (19, 18) : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lc 10, 27). La question : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » est une question existentielle qui nous habite tous, à cette question Jésus nous renvoie à deux choses l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » nous dit Saint Jean dans sa première lettre. Avoir part à la vie éternelle n’est pas seulement une réalité du futur mais elle réalité du maintenant et de l’aujourd’hui qui doit nous ouvrir à l’amour de Dieu et du prochain « fait à son image.»
« Et qui est ce prochain à travers qui mon amour de Dieu se reflète. A cette question l’attitude du Samaritain nous répond. Le prochain est toute personne créée à l’image de Dieu. La parabole bouleversante nous invite à transcender les barrières ethniques, sociales, linguistiques, religieuses qui posent obstacle à l’amour du prochain, elle nous invite aussi a brisé le mur des préjugés raciaux, ethniques, historiques et autres pour faire place à l’amour du prochain. Il a fallu que le Samaritain brise ces barrières et préjugés pour devenir un véritable prochain de l’homme blessé. Dans sa méditation sur cette parabole dans son livre Jésus de Nazareth, le Pape Benoit XVI nous invitait à ceci, « Il me faut devenir quelqu’un qui aime, une personne dont le cœur se laisse bouleverser par la détresse de l’autre. C’est alors que je trouverai mon prochain, ou plus exactement, c’est alors que je serai trouvé par lui. »
La parabole du bon samaritain est un message d’aujourd’hui, une parabole d’aujourd’hui, Et tout autour de nous, ne voyons-nous pas aussi des hommes que l’on a dépouillés et brisés ? La route de Jéricho à Jérusalem est une route de la vie, ou nombreuses personnes passent indifférentes, complice silencieux, égoïste devant les cris, des victimes de la drogue, du trafic d’êtres humains, du tourisme sexuel, des victimes de la guerre, des victimes des injustices de tous ordres, victimes de la pauvreté.
Seigneur bouleverse mon cœur par la force de ton amour,
Seigneur bouleverse mes indifférences par la force de ton amour
Seigneur bouleverse mon égoïsme par la force de ton amour
Seigneur bouleverse mon silence coupable par la force de ton amour
Seigneur bouleverse mes préjugés par la force de ton amour