MERCREDI DES CENDRES DE L’ANNEE C

TEXTES : Jl 2, 12-18 / Ps 50, 3-6. 12-14. 17 / 2 Co 5, 20 – 6, 2 / Mt 6, 1-6. 16-18

PREDICATEUR : P. Marcellin YAWO, SVD

THEME: Revenez à moi

 

Depuis les temps anciens, le carême fut considéré comme une période de renouvellement de vie, un temps de retour à Dieu. Voici l’invitation que nous lance le Seigneur dans le livre du prophète Joël tout au début de ce temps de carême : « Revenez à moi de tout votre cœur… » (Jl 2, 12).  Pourquoi une telle invitation au moment où nous sommes déjà avec le Seigneur, ou dois-je dire, nous semblons être déjà avec le Seigneur ? Et bien parce que nous sommes là sans être totalement là, autrement nous sommes là mais très distants ou encore, nous sommes là mais pas de tout notre cœur.

Revenir au Seigneur consistera pour nous à revisiter notre vie dans chacun de ses détails puisque c’est là que nous découvrirons notre éloignement de Dieu. Considérons pour cela nos réactions envers nous-mêmes, envers les autres et envers Dieu dans notre quotidien ; c’est là que se résume notre vie tout entière. Jésus tire notre attention en ce début de carême dans l’évangile du jour sur ce que nous devons faire pour revenir à Dieu, pour devenir juste. Il évoque la manière de pratiquer l’aumône, la prière et le jeûne qui constituent en quelque sorte la récapitulation d’une vie chrétienne.

La prière qu’il ne faut pas identifier ou réduire à une répétition monotone de formules ou à une requête de grâces et de faveurs nous met en harmonie avec les pensées et les projets de Dieu. Elle est le premier acte que doit remplir celui qui veut se convertir et revenir à Dieu. La prière de Jésus était incessante, même si les évangélistes la note seulement dans les moments significatifs de sa vie. Toute sa vie était vécue à la lumière de la volonté du Père. Le sommet de la prière doit être pour nous aussi de rejoindre la parfaite communion de pensées avec Dieu. Malheureusement nous sommes distraits, séduits et flattés par la vanité, nous sommes fascinés par les belles et positives réalités de ce monde (travail, succès, famille, école, sport …). Nous les aimons au point de les idolâtrer et d’en devenir esclaves et nous oublions Dieu. Mais voici que commence pour nous un temps de grâce et de libération ; le temps de carême qui nous permet d’imprimer dans nos cœurs les pensées de Dieu par la lecture et la méditation de l’Evangile qui nous aident à récupérer le sens de la vie et à retrouver le point de référence de nos actions.

Au début de ces quarante jours de carême qui signifient tout d’abord toute une vie, et qui indique une période de préparation à un grand évènement, Jésus nous montre comment pratiquer l’aumône qui est un partage et qui englobe toutes nos relations aux autres. Ceci est fondamentale puisque notre retour à Dieu dans nos relations ne peut se faire que par les autres, car « Dieu nous ne le voyons pas ». Ce qui nous éloigne de Dieu et donc des autres, sont les passions déréglées, l’orgueil, l’égoïsme, l’avidité pour le bien de ce monde, la jalousie, l’envie pour le succès des autres, la manie du vouloir dominer et de nous imposer, les sentiments de rancœur… Ce sont des situations qui ne sont pas favorables à l’aumône. Nous sommes donc appelés à lutter durant ces quarante jours de notre vie contre ces penchants mauvais pour favoriser l’aumône.

Bien-aimé(e)s dans le Seigneur, pour retourner à Dieu, nous devons nous oublier nous-mêmes et oublier notre propre intérêt et penser au bien des autres. Cette attitude généreuse et désintéressée exige une capacité notable de détachement qui est possible seulement avec l’ascèse. Le jeûne que Jésus nous propose dans l’évangile de ce jour a pour objectif immédiat de secouer l’indolence, de porter à l’autocontrôle, de donner la force de surmonter la tendance à fuir la fatigue et le sacrifice. Cependant le danger qui nous guette est de réduire cette pratique à un rite formel, à une pratique religieuse pour se sentir sûrs et méritants devant le Seigneur ou encore de se montrer en super ascétique devant tout le monde. « … Le jeune que je préfère n’est-ce pas ceci : dénouer les liens provenant de la méchanceté, détacher les courroies du joug, rendre libre les opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec l’affamé, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? » (Is 58, 6-7).

Bien-aimé(e)s dans le Seigneur, avec l’imposition des cendres, nous entamons le chemin vers pâques. Nous voyons donc que le retour à Dieu s’impose à nous spécifiquement en ce temps de carême pour ne pas marcher à coté de notre vie. Ceci demande que nous revisitions tous les aspects de nos vies et que nous les ajustions à celle de Jésus. Que la grâce de Dieu nous soit abondante en ce temps de combat.

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