TEXTES : Gn 18, 20-32 / Ps 137(138), 1-3. 6-8 / Col 2, 12-14 / Lc 11, 1-13
PREDICATEUR : P. Bruno WENSAN’NA, SVD
THEME : La prière
Le principal thème des lectures bibliques d’aujourd’hui sont le pouvoir de la prière d’intercession, le Notre Père comme prière idéale, et la nécessité de persévérance dans la prière avec une foi confiante et audace. En bref, les lectures nous apprennent à prier.
Dans la première lecture il est question de l’histoire d’Abraham négociant la miséricorde de Dieu au nom de certaines victimes potentielles innocentes de Sodome et Gomorrhe (y compris son neveu Lot et sa famille), lorsque Dieu avait décidé de détruire ces villes qui étaient presqu’entièrement habitées par des gens qui menaient des vies méchantes et sexuellement perverses. La persévérance d’Abraham finit par avoir un succès. L’Evangile de son côté mettra l’accent sur cette persévérance. Nous devons être persévérants dans nos prières, « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. »
Le passage de l’Évangile d’aujourd’hui pourrait bien être décrit comme le catéchisme de Luc sur la prière. Les disciples avaient souvent vu Jésus prier seul et passaient parfois de longs moments en prière. Ils étaient impatients d’apprendre de lui quelques prières, car Jean-Baptiste avait manifestement enseigné à ses disciples des prières spéciales. Le motif de l’enseignement est une demande des disciples pour une sorte de prière qui les identifierait comme disciples de Jésus. En réponse à cette demande, Jésus leur donne la prière que nous appelons aujourd’hui ‘Notre Père’. La prière la plus connue dans la chrétienté. La prière du Notre Père est une prière qui nous lie à toutes les générations de Disciples. Elle nous lie l’apôtre Pierre, Paul et a beaucoup d’autres figures qui ont marqué la vie de l’Eglise.
La prière du notre Père est composé de sept pétitions. Les trois premières demandes concernent Dieu lui-même : que ton Nom, que ton règne, que ta volonté. Les quatre dernières demandes sont formulées en « nous » et concernent nos besoins vitaux et notre vie fraternelle : la nourriture qui fait marcher vers son Royaume, le pardon reçu rendu possible par le pardon donné, le soutien pour refuser la tentation et la délivrance du péché. Dans ces sept demandes se trouvent rassemblés les deux grands commandements : l’amour de Dieu et celui du prochain. En résumé la prière du notre a une dimension verticale et horizontale. La dimension verticale adresse notre relation avec Dieu le Père. La dimension horizontale concerne notre relation avec nous-même et notre prochain, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » ( Mt 22, 39).
« Que ton nom soit sanctifié » ceci s’apparente au deuxième commandement du décalogue qui dit ceci, « Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque son nom pour le mal. » Dans l’ancienne alliance nos frères et sœurs juifs tenaient en grande révérence le nom de Dieu. A travers l’incarnation, Dieu s’est rendu accessible à tous. Cette accessibilité de Dieu à travers l’incarnation a créé une certaine familiarité et certaine vulnérabilité de ce nom. Martin Buber disait ceci « Oui, Dieu, c’est le nom le plus chargé de tous les mots humains. Pas un qui n’ait été aussi souillé, aussi lacéré ». Chacun de nous doit s’examiner sérieusement, que faisons-nous du nom de Dieu dans notre vie quotidienne.
« Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous », relève la cinquième pétition. Le thème du pardon est un thème central dans les évangiles. C’est aussi une question de la vie quotidienne. Elle présuppose que notre vie quotidienne est faite des offenses que nous même nous commettons et qui sont commises contre nous. La prière du notre Père nous invite au Pardon sincère. Si nous considérons les conséquences de la vengeance à travers l’histoire de l’humanité et à travers notre propre vie, le pardon est une alternative nécessaire que tous devraient considérer. Et puisque nous-mêmes nous sommes bénéficiaires de ce pardon venant de Dieu, nous sommes invités à être témoins et porteur de cette miséricorde.
En méditant aujourd’hui la prière du notre Père prions que la force de cette prière pénètre notre monde enclin à l’athéisme, à l’apostasie, à la vengeance et au mal, et que cette force renouvelle la face de la terre.