DIX-NEUVIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE DE L’ANNÉE A

TEXTES: 1 R 19,9a.11-13a / Ps. 84(85) 9ab.10, 11-12, 13-14/ Rm. 9, 1-5/ Mt. 14, 22-23

PREDICATEUR: P. Ludovic AMOUZOU, SVD

THEME: Rencontre dieu dans l’ordinaire de ta vie !

Réfléchissant sur la manière dont l’Etre humain peut jouir de la présence de Dieu dans sa vie de chaque jour, un moine néerlandais appelé Thomas A. KEMPHIS parvient à la conclusion suivante : “L’homme s’élève au-dessus de la terre sur deux ailes : la simplicité et la pureté. La simplicité doit être dans l’intention et la pureté dans l’affection.’’

Les lectures de ce 19ème dimanche du temps ordinaire nous invitent à nous élever vers Dieu grâce aux rencontres que nous faisons dans l’ordinaire de nos vies. Si Dieu se fait proche de nous dans la simplicité de la brise légère comme dans la 1ère lecture, il l’est davantage dans les turbulences de nos vies à l’instar de l’épisode de la mer agitée que nous relate Saint Matthieu dans l’Evangile de ce jour. Si Jésus, l’homme-Dieu, s’offre pour que l’homme ne se perde pas, allons-nous rester insensibles à nos frères et à sœurs qui, par ignorance ou par refus, s’éloignent de plus en plus du salut de Dieu offert en Jésus-Christ ? Ne ferions-nous pas comme saint Paul dans la 2ème lecture de ce jour du Seigneur ?

Bien aimés dans le Seigneur !

Qu’elle est déroutante et subtile cette manière dont Dieu entre dans l’histoire de nos vies pour nous y rencontrer et cheminer avec nous! Le passage du 1er livre des Rois que nous venons d’écouter en guise de 1ère lecture nous l’atteste. Dieu organise une rencontre particulière avec le prophète Elie sur Horeb, la montagne de Dieu. Obéissant, le prophète s’y rend et fait tout ce que Dieu lui a ordonné. Il attend la manifestation de Dieu qui s’approche. Mais, Dieu ne se trouvait pas dans les phénomènes spectaculaires comme l’ouragan, le tremblement de terre ou le feu. C’est, au contraire, dans la simplicité du murmure de la brise légère que Dieu découvre sa présence à Elie.

Sans pour autant me tromper, je peux dire qu’au fond de chaque être humain, il y a cette  quête du divin que nous cherchons par voies diverses. Dans les Religions traditionnelles comme dans le christianisme, notre manière d’entrer en communion avec la divinité prend diverses formes. Quand Dieu aussi veut entrer en communion avec nous, il peut le faire à travers des évènements étranges comme le buisson ardent (Exode 3,1-6)), ou des évènements spectaculaires tels les coups de tonnerre, le feu et le tremblement de terre au mont Sinaï (Exode 19,16-20). Mais, Dieu peut aussi se révéler dans un appel subtil comme ce fut le cas de Samuel (1 Samuel 3,1-9).

De nos jours, beaucoup de chrétiennes croient que Dieu ne se rencontre que dans le spectaculaire, le miracle, la guérison, le bruit, les longues prières, les chants, les danses, les délivrances,  le parler en langue etc. Et cette réduction de Dieu à l’extraordinaire non seulement les rend bancales dans la foi mais aussi les empêchent de découvrir Dieu dans l’ordinaire et la simplicité de leurs vies. Cela me rappelle la réponse d’une femme à son mari qui lui demandait ce qu’elle n’a pas trouvé dans l’Eglise Catholique et qu’elle recherche dans les sectes : « Vous les catholiques vous ne savez pas prier ; Vous ne faites pas de miracles ; En plus vous ne faites pas de publicité de votre Eglise. » Après plusieurs mois d’errance, quand cette femme a commencé à avoir de plus graves problèmes personnels et familiaux, c’est encore vers l’Eglise catholique qu’elle était revenue pour l’accompagnement et la délivrance de son enfant.

Par ailleurs, même dans l’Eglise Catholique, certaines personnes ne jurent que par les Charismatiques, les Messes de malades et les campagnes d’évangélisation. Loin de moi l’idée que Dieu ne se révèle pas à travers ces intenses moments de révélations de la puissance de Dieu. Mais, ne vivre que de cela, ne vivre que pour cela peut nous conduire à croire que c’est la seule manière ou du moins la manière privilégiée de rencontrer et d’expérimenter Dieu. Or, Dieu se révèle aussi et de manière plus profonde dans l’adoration du Très Saint Sacrement, dans les retraites et recollections auxquelles nous participons ; Dieu communique au plus intime de nous à travers l’écoute ou le sacrement de la Confession. Dieu se révèle même dans le murmure qui demande aussi bien un silence externe qu’interne afin de discerner la présence de Dieu et de le rencontrer véritablement. C’est à cette expérience intime que Dieu nous convie dans notre recherche de lui. Dans l’ordinaire de nos vies, Dieu vient toujours à notre rencontre ; dans la simplicité de nos paroles et gestes, nous pouvons aussi le rencontrer et avoir cette communion qu’il attend de chacun de ses enfants. Mais, pouvons-nous parler de véritable communion avec Dieu sans parler de réelle communion avec nos frères et sœurs les humains ?

Chers Amis dans le Christ !

Saint Paul a très bien compris que de l’équilibre entre l’aile de la simplicité dans l’intention et l’aile de l’humilité dans l’affection réside son ascension en vue de sa rencontre avec Dieu. Dans la 2ème lecture de ce 19ème dimanche du temps ordinaire qui est tirée de sa lettre aux Romains, l’Apôtre de Gentils nous fait vivre son incessante douleur et dans sa grande tristesse parce que la majorité des Juifs a refusé de reconnaître Jésus de Nazareth comme le Messie, le Sauveur et l’Oint de Dieu. Saint Paul va plus loin en nous confessant qu’il était prêt lui seul à être séparé du Christ si et seulement si cela permettrait à plus de ses frères juifs d’être sauvés en Jésus. Car l’ancien Saul, ennemi de Jésus et persécuteur de ses disciples devenu Paul, Disciple et Apôtre du Christ grâce à sa rencontre à la fois extraordinaire et ordinaire avec le Christ Ressuscité sur la route de Damas, est bien placé pour comprendre que l’Homme peut faire du mal aux autres par ignorance et  avec les meilleures intentions du monde. Et ceux pour qui Saint Paul priait voulait pour la plupart la mort de celui-ci qu’il considérait comme un traître à la cause d’éradication des Chrétiens de l’empire romain. Combien d’entre nous sont prêts à pardonner à leurs détracteurs, à prier pour ceux qui les persécutent et à être à même de faire le sacrifice ultime de son salut dans l’unique but que les autres soient sauvés ? Voilà le bel exemple d’affection profonde que Saint Paul nous donne, affection dont la source est dans sa communion avec Jésus qui demeure un ami fidèle lorsque les vents violents s’abattent sur nous, lorsque la peur prend le dessus sur la foi et à chaque fois que nous croyions que tout est perdu, tout est fini.

Chers frères et chères sœurs en Christ !

Il est impossible de vivre une vie chrétienne sans la découverte du visage de Dieu dans celui de l’Homme, surtout l’Homme en proie aux difficultés de la vie. Dans l’Evangile de ce jour, Jésus nous montre d’une part la proximité de Dieu vis-à vis de toute personne en péril et d’autre part la présence réelle que nous sommes appelés à être à notre tour pour tous. En fait, il y a dans ce récit trois éléments qui symbolisent le danger pour l’Homme : la nuit qui est le temps favorable de déploiement des forces occultes, la mer qui signifie la résidence des forces maléfiques et, leur résultante, la peur. Toutefois, une fois encore, Dieu se fait de plus en plus proche de nous en nous montrant sa puissance sur ces éléments qui nous empêchent de voir sa présence de Dieu et de sentir  son action en notre faveur.

Dans cette mer noire de la pandémie du coronavirus où la peur de contracter le virus, d’en présenter les symptômes, d’être mis en quarantaine, de développer des complications et d’en mourir hantent nos esprits, restreignent nos activités et dictent nos conduites, Jésus-Christ se révèle là au cœur de nos vies avec ces mots : « Confiance ! C’est moi, n’ayez pas peur ! »

Oui mon frère ! Oui ma Sœur ! Le Seigneur Jésus est prêt à nous secourir si nous crions vers lui et si nous tendons nos mains vers lui. Lui seul est capable de calmer l’agitation en nous et autour de nous ; Lui seul peut nous sauver, nous délivrer ; Lui seul est à même de nous faire rencontrer Dieu même au milieu des adversités de la vie. Puisse cette Eucharistie nous disposer à rencontrer davantage et plus facilement Dieu aussi bien dans l’ordinaire que dans l’extraordinaire de nos vies !

Prions ensemble :

Seigneur ! Fais-moi te découvrir et te rencontrer dans chaque évènement ordinaire comme extraordinaire de ma vie ! Fais-moi sentir ta présence et ton action dans mes joies comme dans mes peines ! Aide-moi à être un signe de ta présence dans la vie de mes frères et sœurs les humains ! Ainsi soit-il !

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